ISRAEL

La "superwoman" israélienne fait un énorme buzz, mais c'est bidon

Extrait de la vidéo
Extrait de la vidéo
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La vidéo n’en finit pas de buzzer et d’être partagée. Il s’agit d’images de caméra de sécurité filmées dans un bar en Israël. On y voit une jeune femme mettre K.O. trois hommes en train de la harceler, mais ce n’est pas exactement la vérité…

Les images ont été postées par la jeune femme que l’on voit dans la vidéo le 16 février 2016. Gili Ganani, âgée de 19 ans, est ceinture noire de Krav Maga – un art martial d’autodéfense développé par l’armée israélienne. La légende explique qu’elle était en train d’attendre ses amis, lorsque des hommes en ont profité pour l’importuner.

Sa publication, en hébreu, a été reprise par un utilisateur de Facebook qui a ajouté une légende en anglais le 29 février. Cette version a été vue plus de 8 millions de fois.

ISRAELI GIRL IS BEING SEXUALLY HARASSED BUT WATCH WHAT HAPPENED NEXTThese three guys didn’t know the Israeli girl...

Posted by Jean-Baptiste Kim on Monday, 29 February 2016

De nombreux internautes ont commenté la vidéo, encourageant la jeune femme qui fait “du bon travail”, la qualifiant de "superwoman "ou simplement en s'extasiant "Mon Dieu, j’adore ce post ! ".

Mais ces capacités spectaculaires d’auto-défense se sont révélées être de la pub pour le professeur d’arts martiaux de la jeune femme, qu’elle remercie d’ailleurs à la fin de la vidéo. Ganani, elle-même, a admis qu’il s’agissait d’une mise en scène, dans un post publié le lendemain de la diffusion de la vidéo. Elle a félicité ceux qui avaient détecté le fake.

Interrogée par France 24, la jeune femme a expliqué qu’elle a voulu éveiller les consciences sur "l’importance de savoir se défendre pour une femme ".

Toutefois, quelques jours après le buzz de la première vidéo, Ganani en poste une deuxième. On la voit à l’entraînement avec son professeur, en arrière-plan, tandis qu’elle s’adresse directement aux internautes au premier plan. Deux bannières de publicité encadrent son message avec le numéro de téléphone et le logo des cours de Krav Maga. Elle explique que devant le succès de la première vidéo du bar, elle a reçu de nombreuses demandes d’informations par des femmes désirant s’inscrire aux cours et leur donne donc les renseignements nécessaires.

Capture d'écran de la deuxième vidéo

C’est l’un des nombreux exemples de publicité cachée circulant sur les réseaux sociaux. Ces vidéos qui deviennent virales offrent aux entreprises un accès rapide à une très grande audience.

Souvent ignorants du tour de passe-passe, les internautes commentent et partagent la vidéo, entretenant le buzz.

Si l’on compare cette publicité cachée à de vraies campagnes de promotion pour la pratique du Krav Maga chez les femmes, on constate que les vraies pubs ont beaucoup moins de succès.

Romain Margot-Dufour est chef de pub pour une société américaine. S’il trouve la méthode malhonnête, il admet qu’elle est efficace en terme de communication.

Il faut se rendre compte que le buzz autour de cette vidéo a été généré par la curiosité et un voyeurisme exacerbé de l'extraordinaire. Nous retrouvons quelques ingrédients indispensables pour capter l'intérêt : la violence, la peur, l'apparition d'un facteur inattendu et finalement une sorte de "happy end". Cela rentre complètement dans la tendance des publicités à intégrer un storytelling dans les campagnes en jouant sur le côté "pathos" afin de susciter l'adhésion par l'émotion.

Dans la plupart des pays, la loi protège le consommateur de la publicité mensongère, mais il est bien difficile de réguler ce type de campagne sur les réseaux sociaux.

Les hoax ou les théories du complot sont d'ailleurs les parents pauvres de la publicité mensongère, sans la dimension commerciale mais avec la même idée d'influencer le comportement. Il faut surtout éduquer les gens à dissocier les vrais messages des faux et surtout à les interpréter.

Pour vérifier l’authenticité des photos ou des videos circulant sur Internet, n’hésitez pas à consulter notre article "Comment vérifier les images des réseaux sociaux".

Un de nos observateurs avait démasqué une vidéo similaire, mais cette fois-ci c’était dans un bar en Russie.