JORDANIE

Il photographie l’architecture moderne en voie de disparition à Amman

Une façade cubiste de l'ancien cinéma Al Khayyam à Jabal Al Weibdeh. 1949. Photo de notre Observateur.
Une façade cubiste de l'ancien cinéma Al Khayyam à Jabal Al Weibdeh. 1949. Photo de notre Observateur.
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À la fois pour affirmer un lien avec une ville mais aussi pour documenter un style architectural moderniste qui tend à disparaître à Amman, Hamza Abu Hamdia, jeune architecte palestinien, a décidé de photographier des bâtiments de la ville où il a grandi.

J’ai fait mes études d’architecture à Amman. Et à l’école, j'ai très peu appris sur ces architectes jordaniens des années 50 à 70 partis étudier à l’étranger, notamment en Europe et aux États-Unis. De retour à Amman, ils ont ensuite construit des maisons et des immeubles inspirés du modernisme, un style architectural né avec le Bahaus en Allemagne, qui se caractérise par des lignes géométriques pures, une insistance sur la fonctionnalité et l’utilisation de matériaux qui étaient nouveaux à l’époque, comme le béton. Ces architectes ont transposé et adapté ce style architectural à la topographie et aux restrictions juridiques de la ville d’Amman. C'est une ville construite sur plusieurs collines, où la pierre devait être obligatoirement utilisée pour respecter l’uniformité de couleur. Ce style architectural, issu d'un mélange plusieurs matériaux, participe à l’identité de la ville.

Depuis les années 80, c’est le style architectural postmoderniste, qui prédomine dans les pays du Golfe, qui s’impose à Amman. Ce style éclectique et foisonnant, qui prend la forme de grandes tours en verre par exemple, je le documente aussi. Mais à cette heure, mon inquiétude se porte sur ces constructions modernistes, qui malgré les lois de préservation, tend à disparaitre. Certaines sont démolies, d’autres ne sont pas rénovées. Aussi, mes photos témoignent d’une époque d’Amman, une ville à laquelle je me suis attaché avec les années et où je souhaite m’ancrer davantage. Cette démarche n’est pas anodine dans une ville où beaucoup sont de passage. Les Palestiniens rêvent de retourner en Palestine, les Jordaniens, dans leur village d’origine, les Syriens et les Irakiens réfugiés, de retourner dans leur pays une fois la situation améliorée. J’espère un jour pouvoir, en tant qu’architecte, laisser ma marque ici. La photo reste un point de départ.