BURUNDI

À Bujumbura, un accueil faussement sympathique pour l’ONU

Un "comité d'accueil" pour la délégation de l'ONU à Bujumbura.
Un "comité d'accueil" pour la délégation de l'ONU à Bujumbura.
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Une délégation de l’ONU est arrivée ce jeudi 21 janvier à Bujumbura pour tenter de persuader le gouvernement burundais d’accepter le déploiement, par l’Union africaine, d’une force de maintien de la paix. Le long de la route qui mène à l’aéroport, musiciens et danseurs étaient venus accueillir les ambassadeurs de l’ONU. Mais derrière ce rassemblement festif, le message est clair : pas question que la communauté internationale se mêle des affaires du Burundi.

Plusieurs photos publiées sur le compte Twitter "SOS Médias Burundi", montrent des musiciens et plusieurs centaines de Burundais rassemblés le long de la route de l’aéroport pour accueillir la délégation de l’ONU. Celle-ci se rend pour la deuxième fois en moins d’un an au Burundi afin de convaincre le gouvernement d’accepter le Maprobu, une mission de l’Union africaine (UA) qui prévoit le déploiement de 5 000 hommes pour le maintien de la paix.

Mais derrière l’apparente festivité de l’événement, "SOS Médias Burundi" décrit une certaine hostilité envers la mission de l’UA :

En décembre, le gouvernement burundais de Pierre Nkurunziza avait officiellement refusé l’intervention de l’Union africaine, qualifiée de "force d’invasion et d’occupation ". Le ministère de l’intérieur avait même appelé les Burundais à manifester contre.

Pour notre Observateur Mugisha Toni, il est possible que ce rassemblement "de bienvenue" ait été organisé par les autorités :

"Le but était de prouver à l’ONU que le pays est désormais en paix"

Tout le long de l’axe routier qui va à l’aéroport, plusieurs centaines de Burundais se sont rassemblés et attendaient l’arrivée de la délégation de l’ONU.

Sur les photos, on peut voir des musiciens et des tambours : au Burundi être accueilli par un tambour est un honneur !

Mais derrière, le but était de prouver à l’ONU que le pays est désormais en paix et qu’il n’a pas besoin de l’intervention de la communauté internationale… On pouvait aussi lire des messages anti-Maprobu sur les pancartes.

Ce rassemblement n’a pas pu être improvisé, il fallait connaître l’horaire d’arrivée et l’itinéraire de la délégation. En plus il fallait préparer toutes ces banderoles. Cette mobilisation n’a pas pu se faire sans l’aide du gouvernement ou de militants pro-gouvernement.

Selon RFI, des centaines de militants du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, ont été acheminés par bus. Ce ne serait en tout cas pas la première fois que le gouvernement essaie de faire croire que la situation est calme dans le pays.

Pourtant, le Burundi est loin d’être en paix. Des violences ont encore fait un mort jeudi soir dans la capitale, et des tirs et des explosions ont été entendus dans plusieurs quartiers. Depuis avril 2015, le pays est plongé dans une grave crise qui a déjà fait plus de 400 morts et contraint à l’exil 200 000 personnes selon l’ONU.