IRAN

Des entreprises appliquent toujours des sanctions contre l’Iran

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Le 16 janvier, les sanctions économiques contre l’Iran ont été officiellement levées, dans le cadre de l’accord historique sur le nucléaire entre la République Islamique d’Iran et le groupe 5+1 – à savoir les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.

Mais il semble que certaines entreprises qui appliquaient ces sanctions, parfois abusivement, ne se soient pas mis à la page. Des clients iraniens d’une société de gestion et d’hébergement de sites Web basée au Royaume-Uni, WHMCS, ont ainsi été surpris de recevoir, quelques heures après la levée officielle des sanctions, des emails leur notifiant que leur abonnement se terminait. Le message faisait référence à des restrictions sur les exportations vers l’Iran, et renvoyait vers le lien d’un document publié par l’Université Harvard en 2012.

Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. De nombreux autres produits et services de sociétés internationales, comme les applications téléchargeables sur Google Store et des logiciels comme Java et Adobe, restent inaccessibles aux Iraniens aujourd’hui.

France 24 a interrogé l’économiste Merhad Emadi, un expert des sanctions contre l’Iran, basé à Londres :

Même lorsque les sanctions étaient en place, il n’y avait aucune loi interdisant quiconque aux États Unis ou en Europe de faire du business avec des citoyens en Iran, sauf si, évidemment, les produits pouvaient faire l’objet d’une “double utilisation”, c’est à dire qu’ils pourraient être utilisés dans l’industrie nucléaire. Mais ce n’est clairement pas le cas pour l’hébergement de sites web. Mon sentiment est que des entreprises qui ne veulent pas avoir de relations commerciales avec l’Iran pour des raisons internes se cachent derrière des lois qui n’existent pas.

France 24 a demandé un commentaire à l’entreprise WHMCS, qui n’a pas répondu.

“We’re disappointed, but we’ll just hack the software instead of paying for it”

Farzad est ingénieur Informatique en Iran. Il est à la tête d’une société de web design.

Ces dernières années, les Iraniens qui travaillaient dans les entreprises high-tech en Iran ont eu beaucoup de problèmes avec des compagnies étrangères. Il y a deux ans, la plupart de nos sites, qui étaient hébergés par CPanel [NDRL: partenaire de WHMCS], sont soudainement passés offline. Ils avaient tous été fermés sans prévenir, et nous avons tout perdu sur ces sites, malgré nos requêtes.

Après cela, nous avons continué à utiliser leur solution d’hébergement, mais en passant par des VPN [NDRL : Réseau Privé Virtuel], pour laisser penser que nous étions basés hors d’Iran ; et nous payions nos abonnements à travers des comptes en banque étrangers. Nous aurions pu passer par d’autres options, bien sûr, mais certains de nos salariés travaillaient depuis 10 ans sur cette interface, donc c’était plus simple.

Il semble que WHMCS ait réalisé que des gens en Iran utilisaient leurs services en passant par des VPN. Nous sommes donc surpris qu’ils nous bloquent maintenant, parce qu’après tout, toutes les sanctions ont été levées le week-end dernier. C’est ridicule - ces mesures n’affectent pas le gouvernement iranien, elles impactent les citoyens ordinaires et apparemment ce n’est pas terminé.

Mais ce n’est pas un problème - je vais juste faire ce que des amis ont déjà fait : héberger nos sites Iran, et hacker l’outil de gestion de site de cette sociétés, pour l’utiliser gratuitement. Ce seront eux les perdants en fin de compte.

Nos observateurs iraniens travaillant dans les nouvelles technologies nous ont dit également qu’il y a quelques mois Envato, une société australienne employant des développeurs free lance partout dans le monde, avait envoyé une lettre similaire, expliquant aux développeurs en Iran qu’ils mettaient fin à leur collaboration.

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