GABON

Ma galère dans les transports de Libreville

Notre Observateur gabonais estime qu'il passe en moyenne deux heures dans les transports chaque jour pour un trajet qui devrait lui prendre 20 minutes. Photo Boursier Tchibanda.
Notre Observateur gabonais estime qu'il passe en moyenne deux heures dans les transports chaque jour pour un trajet qui devrait lui prendre 20 minutes. Photo Boursier Tchibanda.

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Choisir son transport en commun dans la capitale gabonaise, c’est un peu aller de Charybde en Scylla : on passe du mauvais, au pire. Taxi à prix variable, bus bondé et jamais à l’heure, notre Observateur à Libreville raconte en image son épopée quotidienne.

Installé à Libreville depuis 6 ans, notre Observateur gabonais parcourt une dizaine de kilomètres chaque jour en taxi, bus ou taxi-bus pour aller travailler. Le trajet peut parfois prendre des heures. Une inefficacité des réseaux de transports qui étonne dans l'une des capitales les plus riches d’Afrique.

"Chaque matin je me demande : quand vais-je arriver et combien vais-je payer ?"

La solution la moins onéreuse est sans discussion le bus public, mais il faut s’armer de patience ! Des tickets de bus à 100 francs CFA (15 centimes d’euro), quelle que soit la destination, sont vendus par l’entreprise para-étatique Sogatra. Résultat : tous les matins, des files d’attente interminables se forment à ces arrêts, à tel point qu’on ne sait jamais à quelle heure le bus va être en mesure de partir. Un véhicule prévu pour une cinquantaine de personnes peut en faire rentrer près du double. L’air y est irrespirable, tout le monde transpire, c’est un calvaire dès le matin !

Notre Observateur filme les files d'attente sur le bord de la route pour les bus publics ou les taxi-bus.

La deuxième solution est le taxi-bus, plus rapide, mais plus onéreux. Le prix est fixé en fonction de la personne qui va géographiquement le plus loin. Même si je ne vais pas à cette destination, je dois m’aligner sur ce prix. Si le taxi-bus tombe sur un contrôle policier, le chauffeur tend une somme d'argent au policier et les passagers prient pour que les agents laissent passer le taxi-bus. Même s'il n'y a pas tout le temps des contrôles, cette possibilité fait grimper le prix de la course. Parfois, les taxi-bus refusent d'aller dans certains endroits prétextant la présence policière.

Les taxis-bus sont réputés rapides, mais leur prix n'est jamais fixé à l'avance. Il dépend du passager qui va le plus loin et du nombre de contrôles de police sur le trajet.

Le moyen le plus sûr reste le taxi classique, mais c’est aussi le moyen de transport le plus cher, surtout si vous allez loin. Alors beaucoup de Gabonais optent pour la quatrième solution : le 'clando', un taxi sans licence, souvent en très mauvais état. Mais gare à l’accident, car le chauffeur n’est pas couvert par une assurance !

Pour résumer, quand je pars le matin, je ne sais pas dans combien de temps j’arriverai à destination et combien je vais payer ! En tout, j’estime que je dépense environ 60 000 francs CFA en moyenne chaque mois [91 euros, 15 % de son salaire, NDLR] pour passer près d’une heure dans les transports, et encore, lorsque j’ai de la chance. Ce trajet ne devrait pas me prendre plus de 20 minutes et me coûter au maximum 5 000 francs CFA (7,50 euros) par mois si je pouvais prendre tous les jours le bus.

Le Gabon a lui-même a jugé insuffisant ses infrastructures de transport et a entrepris depuis 2014 une grande rénovation du réseau routier. En septembre, le ministère des Transports a levé 80 milliards de francs CFA (121 millions d’euros) d’investissements destiné spécifiquement pour les axes routiers de Libreville. Selon le ministre, beaucoup de chantiers routiers seraient à l’arrêt à cause de "la crise de l’industrie du pétrole", ressource dont dépend le Gabon. Quant à la compagnie publique Sogatra, elle s’est dotée en 2014 de 149 bus auprès d’une société brésilienne pour tenter de répondre à la demande. Ces bus seront en circulation d’ici fin 2016.

Ce calvaire dans les transports a également été raconté par Boursier Tchibinda dans un billet de blog sur Alhane.com.