Poignardé après avoir dénoncé un pervers qui filmait sous une jupe
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Un jeune costaricain a payé cher d’avoir dénoncé le harcèlement sexuel à San José au Costa Rica. Il était parvenu à filmer dans la rue un homme qui tentait de prendre des images sous la jupe d’une femme. Puis il avait posté la vidéo sur les réseaux sociaux. Quelques jours après, le vidéaste amateur a été poignardé.
Gerardo Cruz Barquero, 22 ans, est devenu une icône grâce aux réseaux sociaux au Costa Rica. Alors qu’il marchait dans les rues de San José le 4 octobre, il a remarqué qu’un homme filmait tranquillement avec son téléphone portable sous de la jupe d’une jeune femme, sans que celle-ci ne s’en rende compte. Gerardo Marchant lui-même derrière cet homme au T-shirt rayé, il a tout filmé. Dans sa vidéo, il interpelle le harceleur et explique à la jeune fille qu’elle devrait appeler la police.
Vidéo filmée par Gerardo Cruz et publiée sur son compte Facebook.
Le jeune homme a décidé de publier cette vidéo sur son compte Facebook. Il a même demandé l’aide de ses amis pour identifier le pervers. Certains ont affirmé qu’il s’agissait d’un employé du ministère des Finances, une information relayée par des médias locaux.
Deux jours plus tard, l’histoire a pris une dimension supplémentaire lorsque Gerardo Cruz a été poignardé à la sortie de son travail. Selon les médias locaux, une enquête est en cours qui doit déterminer s’il existe un lien entre la publication de la vidéo et l’attaque contre le jeune homme. Fait troublant : l’assaillant n’a rien volé au jeune homme.
Le jeune homme est selon ses proches toujours dans le coma, et les médecins auraient d’ores et déjà diagnostiqué de graves séquelles cérébrales. Selon les derniers rapports médicaux, son diagnostic vital serait engagé.
"Au Costa Rica, le harcèlement sexuel est simplement considéré comme une 'atteinte aux mœurs'"
Depuis l’affaire, des associations se mobilisent pour que le harcèlement sexuel soit plus durement puni au Costa Rica. Alejandra Arburola, militante de l’association Accion Respeto, explique pourquoi la loi doit changer dans son pays.Aujourd’hui, le harcèlement sexuel est simplement considéré comme une "atteinte aux mœurs", cela ne relève pas du domaine pénal. Si une victime veut se plaindre, la procédure est longue et complexe, car elle doit prouver l’identité de son assaillant. Et au final, la victime ne peut espérer que des indemnités, qui peuvent aller de 5 à 30 jours de salaire en fonction du choc psychologique estimé, ce qui est difficile à évaluer. Cela explique le peu de plaintes enregistrées chaque année [un peu plus de 7 000 plaintes dans tout le pays depuis le début de l’année, pour une population de 4,8 millions d’habitants, Ndlr]. C’est très peu, lorsqu’on sait que des études affirment que 70 % des femmes costaricaines ont été victimes de harcèlement sexuel.
L’ironie de l’histoire, c’est que Gerardo s’est lui-même mis en faute pénalement, car il a publié une vidéo sans le consentement de cet homme et de cette femme sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, au Costa Rica, l’atteinte au droit à l’image est sanctionnée par une amende plus importante que le harcèlement sexuel. C’est complètement ridicule. Cet incident doit permettre un changement de la loi en punissant plus durement ce type de comportement.