Une voiture de policiers turcs traine le cadavre d’un militant kurde en pleine rue
Publié le : Modifié le :
Le corps d’un militant kurde traîné par un véhicule de police, et des policiers qui continuent de l’insulter. Cette scène s’est déroulée dans la ville de Sirnak, dans la région du sud-est de la Turquie où forces de sécurité turques et rebelles kurdes se livrent à des combats acharnés depuis plusieurs semaines.
La vidéo a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux depuis dimanche et suscité l’indignation de la communauté kurde. L’homme qu’on voit sur ces images s’appelle Haci Lokman Birlik. Contacté par France 24, Ferhat Encu, un représentant du Parti de la démocratie des peuples (HDP, prokurde) à Sirnak, assure que ce militant se battait dans les rangs du Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), une branche du parti séparatiste PKK constituée de jeunes miliciens. Selon lui, Haci Birlik aurait été exécuté en marge d’affrontements avec les forces de sécurité turques :
" Au lieu de le transporter à l’hôpital, ils l’ont exécuté"
C’est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi [3 octobre], vers 1h30 du matin. Au cours de ces affrontements, Haci Birlik a été blessé à la jambe. Les policiers l’ont pris et, au lieu de le transporter à l’hôpital, ils l’ont exécuté. Par la suite, ils ont sillonné les rues de la ville avec son cadavre attaché à leur véhicule, comme vous pouvez le voir sur la vidéo. C’est la première fois qu’on voit une telle scène à Sirnak. Je pense que les policiers se sont livrés à cette exaction parce qu’ils se sont dits qu’ils ne seraient jamais inquiétés [il semble d’ailleurs que les images aient été filmées par une personne se trouvant à bord du véhicule, donc probablement un policier turc].
Cette vidéo sort en pleine crise entre les autorités turques et le PKK. Le 22 juillet, le parti séparatiste revendiquait l’assassinat de deux policiers turcs, en représailles à un attentant suicide ayant tué 32 militants kurdes dans la ville de Suruç deux jours auparavant. Cet acte a fait voler en éclat le processus de paix entre Ankara et le PKK. Début août, l’armée turque a même mené des frappes aériennes contre les positions des rebelles kurdes en Turquie et en Irak.
Plusieurs villes du sud est du pays, bastion des séparatistes, sont actuellement assiégées par l’armée et en proie à une guérilla urbaine. A Cizre notamment, la population est prise au piège des combats et fait face à une pénurie de médicaments.
Déjà régulièrement accusées de prendre pour cible des civils à Cizre, les autorités d’Ankara ont annoncé avoir lancé une enquête sur les circonstances de la mort de Haci Birlik. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a notamment indiqué : "On ne peut pas approuver de telles images, même s’il s’agit d’un terroriste qui a attaqué les forces de sécurité au lance-roquette".