À Daraya, au sud de Damas en Syrie, un groupe de jeunes a créé une bibliothèque, dans une cave, pour sauver les livres de cette ville tenue par des groupes islamistes locaux et assiégée depuis trois ans par l’armée de Bashar al-Assad.
Daraya est située près de l’aéroport militaire de Mezzé, une installation stratégique pour le régime de Bachar Al-Assad. Depuis près de trois ans, la ville est assiégée par l’armée régulière. Elle est tenue par Ajnad Al-Sham et Chuhada al-Islam, des groupes islamistes proches de l’Armée syrienne libre. Les bombardements réguliers sur la ville empêchent la reprise de toute activité culturelle et universitaire.
Bombardements à Daraya, Septembre 2015.
Un groupe de jeunes Syriens a donc créé une bibliothèque pour offrir aux habitants un espace de lecture et d’études. D’après les activistes, près de 11 000 livres, récupérés dans les décombres d’immeubles détruits, auraient déjà été sauvés.
"Nous avons des ouvrages de littérature arabe et étrangère, de philosophie, de théologie"
Abu Malek a participé à la création de la bibliothèque. Il a pu être joint grâce à l’aide de Humans of Syria, un collectif de jeunes photographes syriens.
Je ne pouvais ni lire ni étudier depuis le début du siège à Daraya. Avec des jeunes qui comme moi avaient dû arrêter leurs études, et des jeunes diplômés, nous avons eu l’idée de récupérer les livres qui se trouvaient sous les décombres des maisons démolies. Nous avons pris soin de noter dans quelles maisons détruites, ils ont été retrouvés afin d’identifier leurs propriétaires. Une fois la guerre finie, si on nous les réclame, nous pourrons les rendre à leurs propriétaires. Nous avons aussi récupéré des livres qui n’ont pas brûlé dans les bibliothèques et librairies de la ville. C’était pour nous une façon de sauver notre patrimoine culturel.
Nous avons choisi de mettre ces livres à l’abri des bombes, dans une cave à Daraya. Puis nous avons transformé cette cave en véritable bibliothèque. Chaque ouvrage est recensé et classé par thème et par ordre alphabétique sur les étagères. Nous avons des ouvrages de littérature arabe et étrangère, de philosophie, de théologie. Et nous avons créé un espace de lecture et d’étude, en installant des tables et des chaises à l’intérieur de la bibliothèque.
J’ai retrouvé un but dans ma vie en créant cette bibliothèque. Je ne passe plus des journées entières entre ennui et crainte de nouveaux bombardements. Maintenant, je conseille ceux qui viennent emprunter un livre, nous discutons ensemble de nos dernières lectures. Notre prochaine étape est de compléter notre collection de livres de films documentaires qui pourront être regardés sur place. Mais il nous manque encore de l’argent.
