Loin de Ouagadougou : "J’ai vu des enfants saccager le siège du parti de Compaoré"
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Le coup d’état mené par des membres de la garde présidentielle burkinabè a provoqué des remous à Ouahigouya, à 180 kilomètres au nord de Ouagadougou. Notre Observateur a été témoin de la colère des manifestants dirigée contre le CDP, parti de Blaise Compaoré, qu’ils accusent d’être derrière le putsch.
Un an après la chute de Blaise Compaoré, le Burkina Faso a connu mercredi un nouveau coup d’État. Le général Diendéré, a l’origine du putsch, a démis de ses fonctions le président intérimaire, Michel Kafando, et a été nommé président d’un Conseil National de démocratie (CND) devant assurer l’intérim. Le militaire, ancien chef d’État-major particulier de Blaise Compaoré, est considéré comme le bras droit de l’ex-président déchu.
Pour l’heure, l’ancien président burkinabè ne s’est pas exprimé. Gilbert Diendéré a affirmé sur France 24 ne pas être en contact avec Blaise Compaoré. Mais l’implication dans le coup d’État des membres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti fondé par Compaoré, reste floue. Un peu plus tôt sur l’antenne de France 24, son vice-président Léonce Koné affirmait ne "pas condamner" la prise d’otage du président intérimaire et des ministres.
"Voir de si petits enfants en première ligne dans les saccages, ça montre que la situation est très grave"
Loin de Ouagadougou, à Ouahigouya, la plus grande ville du nord du Burkina Faso, les habitants ont clairement identifié le CDP comme responsable du putsch. Aziz (pseudonyme) a été témoin des manifestations ce matin.Depuis hier, la déception est latente. Une grande majorité de la population considère que ce coup d’État marque le possible retour du président Compaoré. Et ça, nous n’en voulons pas. Pour nous, la page est tournée.
Tôt ce matin, des habitants ont attaqué le siège local du CDP, qui avait déjà été détruit lors de la révolte d’octobre 2014, puis récemment reconstruit. J’ai vu des enfants de huit à neuf ans utiliser des masses pour casser les murs. Ils criaient "Non à Blaise Compaoré "avec haine. Puis, ils sont partis, souvent avec leurs grands frères, pour aller faire le tour des maisons de supposés membres du CDP pour les vandaliser. Voir de si petits enfants en première ligne dans les saccages, ça montre pour moi que la situation est très grave.
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© {{ scope.credits }}Au siège du CDP à Ouahigouya, des enfants participent à la destruction de murs qui avaient récemment été reconstruits. Photos diffusées sur le groupe Facebook Ouahigouya 24.
"Ils détiennent en otage le président, ce n’est pas le moment de dormir"
La décision de fermer la frontière est une catastrophe à Ouahigouya car nous dépendons en grande partie des va-et-vient des commerçants entre le Burkina Faso et le Mali, qui n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres. Ce matin, tous les commerces étaient fermés. Nous n’avions pas imaginé qu’à un mois de la présidentielle, un nouveau coup d’État pouvait intervenir. Personne n’a fait de réserve, les pénuries risquent de vite arriver.
Un grand rassemblement a eu lieu en début d’après midi sur la place de la Révolution, où les habitants ont voté à l’unanimité pour refuser le couvre-feu nocturne instauré par les putschistes entre 19 heures et 6 heures. Ce soir, la plupart d’entre nous dormirons à la belle étoile. Les putschistes détiennent en otage le président, ce n’est pas le moment de dormir .
Des scènes similaires à celles décrites par notre Observateur à Ouahigouya se sont déroulées dans d’autres villes du pays. À Yako, ville natale du général Diendéré, la maison du chef autoproclamé du CND a été incendiée selon Radio Omega. À Bobo-Dioulasso, des manifestants ont saccagé le siège du CDP, cassant tables et chaises, nous a confirmé Bassératou Kindo, journaliste et Observatrice de France 24.
Si vous avez des images à nous transmettre sur ce qu’il se passe en province ou dans la capitale, contactez nous à observers@france24.com ou sur Whats App, Viber ou Telgram au +33 630 93 41 36