L’énergie solaire, un secteur d’avenir pour le Brésil et ses… prisonniers
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Faire découvrir l’énergie solaire à des détenus et leur délivrer une formation dans le domaine : c’est l’objectif d’Aline Oliveira Souza, une jeune femme vivant dans le sud-est du Brésil. Un projet qui se veut bénéfique sur le plan écologique, en raison du fort potentiel solaire du pays, mais aussi social, puisqu’il entend ainsi favoriser la réinsertion des détenus dans la société, à leur sortie de prison.
En début d’année, l’organisation Greenpeace a sélectionné 30 personnes provenant de toutes les régions du Brésil – dont Aline Oliveira Souza – afin de les former dans le domaine de l’énergie solaire. En retour, ces dernières se sont engagées à mettre en place leurs propres projets en lien avec cette énergie verte, dans leurs villes d’origine. "La plupart d’entre eux ont déjà organisé des conférences et des ateliers, par exemple pour apprendre aux gens à cuisiner en utilisant l’énergie solaire", indique Barbara Rubim, membre de Greenpeace Brésil ayant participé à la formation de ces "multiplicateurs solaires", du nom du projet de l’ONG.
Formation des 30 "multiplicateurs solaires", organisée par Greenpeace. Crédit : Caio Paganotti/Greenpeace.
"On a besoin de personnes qualifiées pour installer des panneaux photovoltaïques"
Aline Oliveira Souza est originaire de Belo Horizonte, dans l’État du Minas Gerais. Âgée de 23 ans, elle suit actuellement des études pour devenir ingénieur agronome.Début janvier, quand j’ai découvert le projet des "multiplicateurs solaires" de Greenpeace, j’ai tout de suite postulé, car je suis sensible à la question du développement durable. Pour moi, cette formation était l’occasion d’acquérir des connaissances et de pouvoir ensuite les partager. C’est important, car le potentiel solaire du Brésil est immense, mais il reste largement inexploité…
La formation de Greenpeace s’est déroulée en deux parties. Tout d’abord, des cours théoriques et des ateliers sur l’énergie solaire ont été organisés pendant trois jours à São Paulo, en mars.On a vu comment utiliser l’énergie solaire pour cuisiner, générer de l’électricité, etc. On nous a expliqué comment fonctionnent les panneaux photovoltaïques et on a reçu des conseils pour promouvoir ce type d’énergie chez nous.
Ensuite, en avril, on est allés à Uberlândia, dans le Minas Gerais, où on a installé des panneaux photovoltaïques dans une école publique et réalisé des ateliers avec les élèves. Aujourd’hui, ces panneaux fournissent une bonne partie de l’énergie consommée par l’école. Et grâce aux économies réalisées, elle a davantage d’argent pour développer des projets, dans le domaine culturel par exemple. [Dans le cadre de ce projet, Greenpeace a également mis en place des panneaux solaires dans une autre école, à São Paulo, NDLR.]
Aline Oliveira Souza, avec les élèves d'une école à Uberlândia. Crédit : Greenpeace / Otávio Almeida.
Atelier avec les élèves d'une école à Uberlândia. Crédit : Greenpeace / Otávio Almeida.
"C’est une façon de favoriser leur réintégration dans la société et donc de prévenir la récidive"
À la suite de la formation, j’ai lancé un projet dans l’unité d’une prison, à Sete Lagoas, dans le Minas Gerais, qui compte une centaine de détenus. Comme le secteur de l’énergie solaire est en train de se développer au Brésil, on a de plus en plus besoin de personnes qualifiées pour installer des panneaux photovoltaïques. Je souhaite donc mettre en place un centre de formation destiné à ces détenus, afin qu’ils acquièrent des compétences dans le domaine de l’énergie solaire, pour faciliter leur réinsertion sur le marché du travail une fois qu’ils seront libérés. C’est une façon de favoriser leur réintégration dans la société et donc de prévenir la récidive.
J’ai déjà organisé un premier atelier dans la prison. Tous les détenus de l’unité concernée ont participé. Je leur ai décrit comment les panneaux photovoltaïques étaient fabriqués, avec quels matériaux… Je leur ai expliqué comment ils fonctionnent, comment on peut les entretenir et les réparer, la manière dont on peut les raccorder au réseau électrique, sachant qu’on peut également décider de les faire fonctionner de manière autonome. On a aussi évoqué la consommation énergétique du Brésil, la question du manque d’eau dans certaines parties du pays…
Les détenus ont posé de nombreuses questions : "Ces panneaux solaires utilisent-ils uniquement la lumière du soleil pour générer de l’électricité ?", "Ça marche vraiment ?", "Pourquoi n’utilise-t-on pas déjà ce type d’énergie ?", "Pourquoi les panneaux coûtent aussi cher ?" Ils sont très curieux, donc c’est encourageant ! Je pense que le fait d’apprendre tout cela peut vraiment les transformer.
Pour la suite du projet, je suis encore à la recherche de financements pour acheter l’équipement nécessaire à la mise en place d’un véritable centre de formation dans la prison, qui permettra de réaliser des travaux pratiques…
L’énergie solaire est à l’origine de seulement 0,01 % de l’électricité produite au Brésil. Selon Barbara Rubim, de Greenpeace Brésil, "moins d’un millier d’habitations comportent des panneaux solaires sur leur toit" dans le pays. L'hydraulique, le pétrole et la biomasse sont les principales sources d’énergie permettant de couvrir les besoins énergétiques du pays.
Cette initiative a été relevée par notre équipe dans le cadre du projet des "Observateurs du climat" de France 24. Si vous aussi, vous connaissez une initiative permettant de lutter contre le réchauffement climatique près de chez vous, n’hésitez pas à nous contacter à obsduclimat@france24.com !