TURQUIE

Attentat en Turquie : "J’étais venu à Suruc pour protéger ma famille des jihadistes"

Située à quelques kilomètres de la frontière syrienne, la ville turque de Suruc a été secouée lundi par un attentat d’une rare violence. Cette ville était pourtant considérée comme un havre de paix pour les milliers de réfugiés Kurdes qui ont fui ces derniers mois les jihadistes de l’organisation État islamique (EI) en Syrie. Témoignage…

Photo de l'attentat a un rassemblement de jeune kurdes à Suruk lundi. Twitter.
Photo de l'attentat a un rassemblement de jeune kurdes à Suruk lundi. Twitter.
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Située à quelques kilomètres de la frontière syrienne, la ville turque de Suruc a été secouée lundi par un attentat d’une rare violence. Cette ville était pourtant considérée comme un havre de paix pour les milliers de réfugiés Kurdes qui ont fui ces derniers mois les jihadistes de l’organisation État islamique (EI) en Syrie. Témoignage…

L’explosion est survenue lundi 20 juillet dans un centre culturel de Suruc, faisant au moins 30 morts et des dizaines de blessés selon les autorités turques. Selon deux hauts responsables turcs cités par Reuters, les premiers éléments de l’enquête accréditent la thèse d’un attentat-suicide perpétré par l’organisation État islamique (EI).

L'explosion s'est produite au cours d'un rassemblement de jeunes Kurdes qui s'apprêtaient à se rendre à Kobané, une ville kurde de l'autre côté de la frontière syrienne régulièrement secouée par des combats entre les forces kurdes et des jihadistes de l'EI.

Une vidéo relayée par une chaîne de télévision turque montre le moment de l’attentat. L’explosion a lieu en plein milieu d’un groupe de militants d’un parti kurde qui étaient en de scander des slogans pour Kobané.

ATTENTION : CES IMAGES PEUVENT CHOQUER

Vidéo relayée par une chaine turque montrant le moment de l'epxlosion.

Vidéo amateur tournée quelques instant après l'attentat.

Ville à majorité Kurde, Suruc n'est qu'à une dizaine de kilomètres de la ville syrienne de Kobané, où une explosion s'est également produite lundi. Des responsables locaux ont toutefois indiqué que des combattants kurdes avaient fait exploser accidentellement un obus alors qu’ils s’apprêtaient à le désamorcer. Deux personnes au moins ont trouvé la mort dans cet incident.

"Personne ne s’y attendait"

Babacan Baysari est un réfugié kurde originaire de Kobané. ÀSuruc, il habite à une centaine de mètres du centre culturel où l’explosion est survenue.

Quand l’explosion a eu lieu vers midi, les gens étaient en état de stupéfaction car personne ne s’attendait à ce qu’un attentat se produise dans cette ville si sûre.

J’étais sorti ce matin ver 9 h pour faire des courses et je suis passé près du centre culturel. J’ai vu plusieurs bus garés à l’entrée et des jeunes qui s’affairaient à sortir des cartons, notamment de médicament destinés à Kobané.

Quelques minutes après l’explosion, je suis retourné au centre culturel et j’y ai vu des bris de verre partout, des morceaux de ferraille, des corps déchiquetés. Une vraie vision d’horreur.

En juin dernier, j’avais décidé de fuir Kobané alors que la ville venait de subir plusieurs attentats-suicides menés par les jihadistes de l’EI, et j’étais venu à Suruc justement pour mettre ma famille à l’abri.

Je connais très bien ce centre culturel. J’y emmène mes enfants plusieurs fois par semainecar il y a un joli jardin, une fontaine, une boutique de confiseries. Aujourd’hui, je me dis que ça aurait pu être moi, mes enfants.

Les forces antiterroristes sont maintenant déployées en grand nombre, notamment autour du centre culturel. Mais ce dispositif est loin de rassurer.

Les gens se sont rassemblés par petits groupes dans les rues et les places pour parler de l’attentat. Des rumeurs commencent à courir. Certains disent qu’un autre attentat pourrait se produire car les jihadistes de l’EI procèdent généralement par double ou triple attentat-suicide. Une atmosphère de peur règne en effet sur la ville.