Des femmes turques tournent le dos à leur président
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Des Turques posent de dos pour protester contre le président Recep Tayyip Erdogan.
À l’origine, le geste n’est le fait que de quelques femmes en désaccord avec la politique du président turc Recep Tayyip Erdogan. Elles critiquent notamment ses positions conservatrices sur la place des femmes : lors de sa visite dans un centre de coordination des élections à Igdir (est de la Turquie) le 1er juin, en vue des élections législatives de ce dimanche, un groupe de femmes a tourné le dos au chef de l’Etat, en faisant le signe de la victoire avec leurs doigts.
Selon des médias locaux, les femmes d’Igdir sont des militantes du Parti démocratique du peuple, formation de gauche opposée à l’AKP, le parti islamo-conservateur d’Erdogan, au pouvoir depuis 2002. Évidemment, leur attitude de défiance n’a guère plu à Erdogan, qui a déclaré : "la décence m’empêche de dire ce que signifie ce geste" et ajouté que les femmes devaient être députées si elles voulaient revendiquer le droit de contester le président turc. Mais du coup, l’affaire a inspiré des milliers d'autres femmes turques qui ont posté depuis sur les réseaux sociaux des photos d’elles le dos tourné, sous le hashtag #SırtımızıDönüyoruz, qui signifie "nous tournons le dos ", et qui a été utilisé 127 000 fois sur Twitter.
Photos postées sur Twitter et Facebook.
Ce n’est pas la première fois qu’un membre de l’AKP tient des propos décriés sur les femmes. En 2014, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait estimé que les femmes devraient s’abstenir de rire fort en public. Ce qui avait déclenché sur les réseaux sociaux… la publication par des Turques de milliers de clichés les montrant en train de rire.
Le phénomène pourrait prendre de l’ampleur : selon un site d’opposition francophone, Kedistan, des habitants de la ville de Muş, à l’est de la Turquie , ont tourné le dos mercredi au bus d’Ahmet Davutoglu, le Premier ministre, de passage
pour un meeting.
Les sondages n’en donnent pas moins l’AKP large vainqueur des législatives, où le parti pourrait même rafler la majorité absolue.