Émeutes à Goma après la mort d’une lycéenne tuée dans son école
Publié le : Modifié le :
Une jeune lycéenne de 16 ans est morte mardi à Goma après avoir reçu les coups d’un surveillant de son école. Son décès a provoqué des manifestations massives d’élèves entraînant la fermeture de tous les établissements pour deux jours.
Photo de Deborah, lycéenne de 16 ans, tué par un surveillant de son école le 16 décembre à Goma. Image Guylain Balume Muhindo.
Une jeune fille de 16 ans est morte mardi à Goma après avoir reçu les coups d’un surveillant de son école. Son décès a provoqué des manifestations massives d’élèves entraînant la fermeture de tous les établissements pour deux jours.
L’incident a eu lieu à l’institut Jéricho, une école privée secondaire de Goma, mardi 16 décembre. Après une altercation avec un surveillant de l’établissement, la jeune écolière en quatrième année, violemment frappée par celui-ci, est décédée d’une hémorragie interne.
"Après l’avoir frappé, le surveillant a pris la fuite"
Guylain Balume Muhindo, qui habite près de l’institut, a rencontré des camarades de Deborah, la jeune fille décédée, qui ont été témoins de la scène. Il raconte :
Un groupe d’élèves de l’institut est arrivé en retard ce matin là. Le surveillant s’est dressé face à eux, et leur a indiqué qu’il fallait qu’ils rentrent chez eux. La plupart ont accepté sans broncher, mais la jeune fille s’y est opposée, et a voulu rentrer dans sa classe. Le surveillant a tenté de la maîtriser, elle s’est débattue, l’a insulté, puis a commencé à lui donner des coups. Le surveillant excédé aurait alors donné plusieurs coups de poings à la jeune fille. Elle a chuté et sa tête a violemment heurté le sol. Lorsque ses amis et le proviseur sont arrivés pour la transporter d’urgence à l’hôpital, elle était presque morte. Le surveillant, quant à lui, avait pris la fuite.
Dès le lendemain, les élèves de l’institut Jéricho sont sortis dans les rues de Goma pour réclamer justice pour leur camarade. Des personnes dans la foule ont lancé des pierres sur les policiers et les écoles, les forces de l’ordre répliquant par des gaz lacrymogènes.
Des élèves manifestent dans le centre ville de Goma mercredi. Photo prise par un de nos Observateurs.
"Les élèves ont aussi manifesté contre les violences à l’école dont ils disent être victimes régulièrement"
Guylain Balume Muhindo a assisté à ces manifestations dans son quartier.Certains élèves d’autres écoles ont été solidaires et ont rejoint le rassemblement, mais les manifestants ont aussi voulu forcer d’autres écoliers à rejoindre leur mouvement. S’en sont suivies des bagarres entre les écoliers qui manifestaient et ceux qui refusaient de se joindre à eux. J’ai vu une petite cinquantaine d’élèves légèrement blessés dans les échauffourées. L’hôpital du quartier était trop petit pour les accueillir et a été rapidement débordé.
Si la raison principale de la manifestation était de demander que l’auteur des faits soit puni, beaucoup d’élèves de l’institut Jéricho voulaient dénoncer les violences dans leur école, qui sont selon eux monnaie courante. Les établissements privés, donc payants, où la discipline est plus stricte, sont pourtant réputés moins violents que les écoles publiques.
Beaucoup d'élèves, dont de très nombreuses jeunes filles, ont été emmenés à l'hôpital après les jets de gaz lacrymogènes.
La ministre provinciale de l’Enseignement du Nord-Kivu, Adèle Bazizane, a décidé de fermer tous les établissements secondaires de Goma jeudi et vendredi. Jointe par France 24, elle confirme que le surveillant impliqué dans cette affaire est toujours en fuite mais que le proviseur de l’institut Jéricho a été mis en détention provisoire dans le cadre d’une enquête. Elle ajoute :
C’est la première fois qu’un cas de violence à l’école entraîne un décès dans la province [depuis le début de son mandat, NDLR]. Je n’ai pas pour ma part connaissance de plainte d’élèves ou de parents d’élèves concernant des maltraitances dans cet institut ou d’autres écoles de Goma.
Les vacances scolaires débutent ce samedi à Goma, mais selon notre Observateur, les élèves pourraient continuer à manifester dans les prochains jours.
Selon la minsitre provinciale chargée de l'enseignement, des "badauds" se seraient joint aux élèves pour provoquer des heurts justifiant l'intervention des forces de l'ordre. Photo Guylain Balume.
Article rédigé avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste à France 24.