Sexe et hijab : la formule magique pour les artistes iraniens en quête de gloire
Publié le : Modifié le :
3 mn
En Iran, il est interdit pour un artiste d’exposer des œuvres de nus ou à caractère sexuel, du moins en public. Mais de très nombreux artistes iraniens en ont pourtant fait une marque de fabrique et font fortune à l’étranger. Notre Observatrice, qui travaille dans des galeries européennes, nous explique comment cette tendance a émergé.
En Iran, il est interdit pour un artiste d’exposer des œuvres de nus ou à caractère sexuel, du moins en public. Mais de très nombreux artistes iraniens en ont pourtant fait une marque de fabrique et font fortune à l’étranger. Notre Observatrice, qui travaille dans des galeries européennes, nous explique comment cette tendance a émergé.
Beaucoup d’artistes iraniens mènent une double carrière : une officielle, où ils présentent uniquement des œuvres "autorisées", éliminant de faits les nus, œuvres sexuelles ou même politiques. Et une, plus officieuse, qui leur permet de réaliser des œuvres subversives exposées dans des galeries secrètes. Mais en Iran, les acheteurs ne sont pas légion. Aussi pour vivre, beaucoup d’artistes doivent se tourner vers l’étranger.
"Les artistes iraniens savent que les œuvres sexuelles se vendent très bien dans certains pays arabes"
Camelia Haj Ghasem est une peintre iranienne qui a travaillé plusieurs années dans des galeries d’art parisiennes. Elle vit aujourd’hui à Prague.
Ces dernières années, j’ai constaté que les jeunes artistes inconnus qui veulent rapidement accéder à la notoriété utilisent les mêmes méthodes : ils savent que certains types d’œuvre se vendent très bien dans certains pays arabes, surtout aux Émirats Arabes Unis. Les clients là-bas adorent les nus, les portraits de femmes dénudées portant le tchador, ou juste même des photos érotiques de femmes iraniennes en petite tenue. Certains artistes ont commencé à travailler sur ce sujet car ça les intéressait, mais beaucoup d’autres ont juste imité la tendance. Beaucoup d’œuvres ressemblent à des "copier-coller "dans un but uniquement commercial.
Grâce à leurs ventes dans ces pays arabes, certains artistes iraniens ont acquis une certaine notoriété qui intéresse les galeries européennes. Quelques artistes iraniens, comme Afshin Pirhashemi, ont percé sur le marché de l’art en Europe en devenant d’abord célèbres à Dubaï. Mais ils sont très peu. J’ai essayé, lorsque j’étais à Paris, de proposer d’exposer des artistes iraniens moins connus, mais ça n’a jamais été accepté. Les galeries en Europe accordent beaucoup d’importance à l’historique du travail d’un artiste : dans quelle galerie il a été exposé, à quels festivals il a participé, combien il a vendu ses dernières œuvres… Pour moi, c’est comme si les galeries étaient devenues des sortes de mafia qui ne voient plus l’art, mais juste un marché.
Afshin Pirhashemi, un des artistes iraniens les plus célèbres en Europe, pose devant l'une de ses œuvres