CHINE

En Chine, les autorités nettoient les rivières en polluant les champs

Un vaste plan de nettoyage des cours d’eau a été lancé en décembre 2013 dans la province du Zhejiang à la demande des autorités locales. Mais si des résultats sont visibles, notre Observateur se plaint que certains déchets sortis des rivières soient tout bonnement reversés dans les champs des paysans.

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Capture d'écran de la vidéo du nettoyage prise par notre Observateur.

Un vaste plan de nettoyage des cours d’eau a été lancé en décembre 2013 dans la province du Zhejiang à la demande des autorités locales. Mais si des résultats sont visibles, notre Observateur se plaint que certains déchets sortis des rivières soient reversés dans les champs des paysans.

Photo de la pollution de la rivière Xinqiaogang dans les champs alentours prise par notre Observateur.

"Avant l’usine déversait les déchets dans les champs, maintenant, ce sont les autorités qui le font"

Dans le cadre de cette grande opération de nettoyage et de préservation de l’eau, près du village de Shangling, les autorités ont commencé à retirer la boue de la rivière de Xinqiaogang, polluée au chrome par une tannerie voisine qui y déverse ses déchets. Notre Observateur, Zai Shi – Pan An, activiste pour l’environnement s’est rendu sur place.

Au début du mois de juillet, les habitants du village de Shangling ont contacté notre institut de recherche pour que nous étudions et communiquions sur les effets désastreux de la pollution de la rivière Xinqiaogang. Ils s’en étaient déjà plaints, par le passé, à de très nombreuses reprises au gouvernement local, via la procédure de pétition [ou "shangfang", qui permet aux citoyens de se déplacer au gouvernement local puis central pour exprimer leurs doléances] mais le gouvernement n’a rien fait.

Photo des champs à proximité de  la rivière Xinqiaogang prise par notre Observateur.

Nous avons découvert que cette rivière était polluée par la tannerie Fubang, depuis les années 1990, qui déplaçait déjà la boue, contenant du chrome, pour l’enfouir dans des champs voisins non clôturés. Ils ont ainsi empoisonné 30mu de terres agricoles [soit 45 hectares, NDLR] si bien que pendant ces vingt dernières années, sur une population de 2 256 habitants, cent villageois seraient morts de cancer [du poumon, du colon et de l’estomac surtout]. On observe actuellement environ 15 décès par an, dont 70 % à cause d’un cancer, ce qui a valu à Shangling le surnom de "village cancer". [Le ministère de l’Environnement chinois a établi en 2013 une liste de 400  "villages cancers" dont la pollution a un impact alarmant sur la santé des populations, NDLR.]

Et ce qu’on a pu constater maintenant que les dirigeants ont lancé cette nouvelle campagne, c’est qu’ils font exactement la même chose. Ils déplacent eux aussi la boue toxique de l’eau de la rivière dans les champs alentours sans rien nettoyer et aggravent la pollution dans une zone déjà extrêmement fragile. Et la tannerie continue ses activités sans être inquiétée !

Notre Observateur a filmé la rivière et le dispositif suranné utilisé par les autorités pour la nettoyer.

 

Les medias chinois rapportaient l’année dernière que 80 % des eaux qui longent la province du Zhejiang étaient polluées.