Un étudiant gabonais gravement blessé lors d’une intervention de la gendarmerie
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Réunis en assemblée générale jeudi, des étudiants grévistes de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville ont été dispersés par des gendarmes. Une scène courante depuis que les étudiants ont lancé leur grève en janvier. Mais cette fois-ci, un des étudiants a été gravement blessé et des témoins affirment que celui-ci a été touché par un projectile tiré par un béret rouge, un soldat des forces armées spéciales gabonaises. Une version démentie par les autorités.
Réunis en assemblée générale jeudi, des étudiants grévistes de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville ont été dispersés par des gendarmes. Une scène courante depuis que les étudiants ont lancé leur grève en janvier. Mais cette fois-ci, un des étudiants a été gravement blessé et des témoins affirment que celui-ci a été touché par un projectile tiré par un béret rouge, un soldat des forces armées spéciales gabonaises. Une version démentie par les autorités.
La contestation à l’UOB n’est pas un problème récent. Les étudiants, qui revendiquaient à l’origine le paiement de leurs bourses d’études, en 2012, ont ensuite rajouté d’autres revendications concernant le coût des transports ou l’état de délabrement de leur université. Les Observateurs de France 24 s’étaient rendus en mai 2013 dans cette université pour y rencontrer un de ses Observateurs, Edvine Ballack Obame, et y tourner un numéro de l’émission Ligne Directe sur ce sujet. Regardez le reportage ci-dessous pour en savoir plus…
Reportage de la Ligne directe des Observateurs diffusée en mai 2013.
"C’était une action coordonnée entre gendarmes et bérets rouges"
Hier, Firmin Ollo Obiang, porte-parole des étudiants, était présent au rassemblement d’étudiants.
Alors que nous venions de nous rassembler, les gendarmes, comme bien souvent, ont commencé à nous disperser. [à l’aide de grenades lacrymogènes et de balles à blanc, selon des témoins]. Tout le monde a commencé à courir. Les gendarmes nous poussaient vers la sortie. Quand on s’est retrouvé hors de l’université, on a tout de suite vu un 4x4 de bérets rouges [forces armées spéciales]. Là, je me suis dit que ce n’était pas bon signe. Je les avais vus un peu plus tôt aux abords de l’université mais je pensais qu’ils étaient là par hasard.
Les gens se sont mis à courir dans tous les sens. On a entendu une déflagration et vu qu’un d’entre nous avait été touché au pied. Mais dans la confusion on s’est dispersés. Quand on est revenu, le jeune étudiant blessé avait été mis à l’abri par une femme du quartier. Elle nous a donné 5000 francs CFA pour qu’on l’emmène dans une clinique en taxi.
Mon impression est que c’était une action coordonnée entre gendarmes et bérets rouges. Je pense qu’ils s’étaient postés à différentes sorties de l’université pour nous bloquer la sortie.
Les camarades de l'étudiant touché (transporté sur l'image de gauche) diffusent sur les réseaus sociaux des images de sa blessure.
Contacté par France 24, l’étudiant blessé, Dropsy Lindougi Ngoye, affirme avoir entendu une détonation, s’être écroulé touché à la cheville et avoir perdu connaissance pendant quelques minutes. Il présente une plaie importante au niveau du tendon du pied droit et a été recousu dans une clinique de Libreville. Les images de sa blessure nous ont été envoyées par les étudiants. Faute de moyen pour se payer une chambre à la clinique, l’étudiant a été ramené hier soir par ses camarades dans sa chambre universitaire.
Le personnel médical qui a opéré l’étudiant affirme ne pas avoir retrouvé de balle dans la cheville du blessé, mais constate que la blessure est "très grave car le tendon est complètement broyé ; il ne pourra probablement plus marcher comme avant et a une longue convalescence à venir".
La version des étudiants est contestée par les autorités de l’université et de police. Contacté par FRANCE 24, le recteur de l’université, Marc Louis Ropivia, affirme n’avoir entendu aucun coup de feu et crie à la désinformation. Il reconnaît toutefois que des affrontements ont lieu régulièrement sur le campus.
Un policier de la direction générale des recherches de Libreville nie pour sa part la présence de bérets rouges sur les lieux de l’accident. Il explique :
Les bérets rouges ne sont pas déployés pour de si petites manifestations et pour appréhender quelques étudiants fauteurs de troubles. Par ailleurs, mes services m’ont rapporté que l’étudiant s’est blessé tout seul en voulant escalader un mur pour échapper aux forces de l’ordre et en heurtant un panneau.
De son côté, le ministère de l’intérieur, contacté par France 24, n’avait vendredi matin "pas de commentaires à faire pour le moment".