Un nouveau cours d’eau chinois infesté par des carcasses de porcs
C’est avec effroi que des habitants de Nanchang, dans le sud-est de la Chine, ont découvert le 15 mars dernier des dizaines de cadavres de porcs flottant à la surface de la rivière Gan, qui alimente la ville en eau potable. D’après les médias locaux, au moins 163 carcasses, dont l’origine reste encore à déterminer, ont depuis été repêchées par les autorités sanitaires.
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Un cadavre de porc gisant dans la rivière Gan, à Nanchang. Photo postée sur Sina Weibo par l'utilisateur aurora_dream.
C’est avec effroi que des habitants de Nanchang, dans le sud-est de la Chine, ont découvert le 15 mars dernier des dizaines de cadavres de porcs flottant à la surface de la rivière Gan qui alimente la ville en eau potable. D’après les médias locaux, au moins 163 carcasses, dont l’origine reste encore à déterminer, ont depuis été repêchées par les autorités sanitaires.
Le gouvernement local a déclaré avoir conduit des tests dans des centres de traitement situés le long de la rivière sans déceler rien d’anormal dans la qualité de l’eau qui coule dans les robinets de la métropole. Les autorités se veulent donc rassurantes alors que l’opinion publique a encore à l’esprit la découverte, l’an dernier, de plus de 16 000 carcasses de cochons dans le fleuve Huangpu, dans la région de Shanghai. Des éleveurs d’une région voisine avaient alors été accusés de les avoir jetés à l’eau pour se débarrasser de ces bêtes, dont certaines étaient atteintes d’une maladie infectieuse.
"C’est une illustration de la crise de valeurs que traverse notre société"
Pour notre Observateur Huo Daishan, fondateur de l’ONG "Les Gardiens de la rivière Huai" qui lutte contre la pollution des cours d’eau en Chine, il ne fait aucun doute que des éleveurs ont à nouveau tenté de se débarrasser de leurs bêtes en dehors de toutes normes sanitaires.
L’an dernier, quand plus de 10 000 cadavres de cochons ont été retrouvés dans le fleuve Huangpu, dans la région de Shanghai, les habitants plaisantaient en disant qu’il avaient du "bouillon de porc" gratuit au robinet. Mais l’humour ne saurait cacher le dégoût que me suscite de tels agissements et je suis consterné par le fait que la même chose vienne de se reproduire dans un autre cours d’eau. Ces pratiques sont d’autant plus condamnables qu’elles enfreignent les lois sur la protection de l’environnement, ainsi que les normes sanitaires qui imposent aux éleveurs d’enterrer ou d’incinérer les animaux morts d’épidémies pour éviter que des maladies ne soient transmises à l’homme.
Ces méthodes sont donc non seulement illégales, mais elles viennent également à l’encontre des valeurs traditionnelles de notre société. "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse", dit un vieux proverbe chinois [attribué à Confucius] alors j’aimerais savoir si les auteurs de cet acte odieux accepteraient que des cadavres de porcs soient déversés devant leur porte et viennent polluer leur habitat ainsi que l’eau qu’ils boivent au quotidien. Pour moi, cette affaire illustre la crise de valeurs que traverse notre société, certaines personnes aveuglées par l’argent n’ayant plus aucun scrupule à franchir les limites morales.
Dans un tel contexte, les pouvoirs publics doivent bien évidemment sévir pour faire appliquer les lois qui existent déjà dans le domaine de la protection de l’environnement. Mais la participation du grand public est toute aussi indispensable. De plus en plus d’acteurs de la société sont sensibles à ces questions mais leur influence reste limitée. C’est pourquoi les autorités doivent agir afin d’encourager la population à se responsabiliser. La guerre contre la pollution des cours d’eau doit en effet être une guerre totale menée avec toutes les forces de la société.