ALGÉRIE

Les gendarmes algériens, pacificateurs de Ghardaïa

 En proie depuis plusieurs semaines à des affrontements entre membres de la communauté arabe et les berbères mozabites, la ville de Ghardaïa, à 600 km au sud d’Alger, a retrouvé le calme lundi. Les gendarmes sont désormais massivement déployés dans la ville où ils ont été accueillis en sauveurs par les Mozabites. Les mêmes qui accusaient les policiers de prendre parti pour la population arabe pendant les affrontements.  

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Capture d'écran d'une vidéo amateur montrant l'arrivée des gendarmes à Ghardaïa.  

 

En proie depuis plusieurs semaines à des affrontements entre membres de la communauté arabe et les berbères mozabites, la ville de Ghardaïa, à 600 km au sud d’Alger, a retrouvé le calme lundi. Les gendarmes sont désormais massivement déployés dans la ville où ils ont été accueillis en sauveurs par les Mozabites. Les mêmes qui accusaient les policiers de prendre parti pour la population arabe pendant les affrontements. 

 

La scène s’est répétée tout au long des troubles qui opposent les deux communautés depuis le mois de décembre. À chaque fois que des renforts de la gendarmerie ont été déployés dans la ville de Ghardaïa, ils ont été accueillis en héros par la communauté mozabite.

  

Actuellement au nombre de 3 000, les gendarmes contrôlent désormais la ville indique la presse algérienne.  Des escadrons sont déployés dans toutes les zones qui ont connu des tensions entre les deux communautés.

 

Sur ces images, des mozabites fêtent l’arrivée de la gendarmerie en scandant "Allez les verts !", en opposition aux policiers qui sont habillés en uniforme bleu. Vidéo postée le 20 janvier sur YouTube.

   

Des Mozabites scandant "Allah Akbar, les gendarmes !". Vidéo postée sur YouTube le 26 décembre 2013.

 

Au fil des affrontements, déclenchés début décembre, plusieurs vidéos montrant des émeutiers arabes attaquer des mozabites sous les yeux de policiers passifs avaient déclenché une vague d’indignation. La police locale avait finalement perdu toute crédibilité aux yeux de la communauté mozabite.  

"Les gendarmes sont envoyés depuis des régions lointaines et donc n’ont pas de parti pris"

Abderrahmane Semmar, 25 ans, journaliste et coadministrateur de la page Facebook des Envoyés spéciaux algériens à Alger, est en contact avec plusieurs personnes sur place.

  

Les policiers sont de fait impliqués dans ces tensions car ils sont, pour la majorité, issus de la communauté arabe de Ghardaïa et des villes voisines. Ce qui explique le fait qu’ils prennent parti pour les Arabes. Contrairement à eux, les gendarmes sont bien accueillis par la communauté mozabite car il s’agit d’un corps rattaché à l’armée, réputé pour son sérieux et son professionnalisme. Ils sont également envoyés depuis des régions lointaines, notamment Alger et ne sont donc pas concernés par le conflit.

 

Face aux critiques visant la police, la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a fini par réagir et annoncé dimanche avoir suspendu et traduit en justice trois policiers. Cette suspension intervient après une enquête menée sur des images montrant le "laxisme" de certains agents de la sécurité à Ghardaïa, précise un communiqué de la DGSN.

 

Depuis décembre, trois personnes, dont au moins deux Mozabites, sont mortes dans des affrontements et plus de 200 ont été blessées. Si les causes de ces nouvelles émeutes restent floues, Ghardaïa et ses environs sont régulièrement le théâtre de tensions entre les communautés arabe et mozabite. En 2008 à Berriane, une localité située à 40 kilomètres de Ghardaïa, des émeutes avaient fait deux morts et une trentaine de blessés.