Un "tir de joie" tourne au bain de sang lors d’un mariage au Yémen
L’incident est survenu lors d'une fête de mariage, à Taez, dans le sud-ouest du Yémen. Alors que les convives dansent le Gangnam Style, un invité brandit sa mitraillette pour tirer en l’air en signe de célébration.
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L’incident est survenu lors d'une fête de mariage, à Taez, dans le sud-ouest du Yémen. Alors que les convives dansent le Gangnam Style, un invité brandit sa mitraillette pour tirer en l’air en signe de célébration. Mais l’homme perd le contrôle de son arme et touche plusieurs invités…
La scène se passe à la fin du mois de novembre. Les convives sont en train de se trémousser sur le fameux tube coréen de Psy, quand l’un d’eux tire une rafale [1’53]. On aperçoit ensuite trois corps étendus au sol, gisant dans une mare de sang.
Les médias yéménites ont rapporté que l’accident a fait un mort et quatre blessés. Le ministère de l’Intérieur a indiqué que l’auteur des tirs, un jeune connu des services de sécurité et répondant au surnom de timseh (crocodile), a pu prendre la fuite dans la confusion qui a suivi la tuerie.
Bien qu’interdite par les autorités, la pratique des tirs de joie lors des fêtes de mariage reste très répandue au Yémen.
"Les mitraillettes symbolisent pour eux la force et est source de fierté"
Saddam al-Ahdal a récemment lancé une campagne contre le port d’arme dans la capitale Sanaa, où il habite.
Le port d’arme est très ancré dans la culture yéménite. Nos grands-pères et nos pères avaient l’habitude de tirer lors des cérémonies familiales, les mariages, les enterrements, etc. D’où la difficulté de changer les mentalités. Et des incidents tels que le montre cette vidéo sont malheureusement très fréquents dans le pays.
Une loi a été promulguée en 1992 pour encadrer le port d’arme. La loi permet toujours aux citoyens de posséder des armes pour se défendre, mais il faut solliciter une autorisation auprès du ministère de l’Intérieur.Sauf qu'en réalité, l’octroi des autorisations ne repose sur aucun critère objectif, cela dépend de l’humeur de l’employé du ministère.
Suite à la recrudescence des assassinats et enlèvements dans la capitale Sanaa, les autorités ont par ailleurs lancé au mois d’octobre une campagne pour contrôler la circulationdes d'armes. Mais cette opération n’est pas menée avec sérieux. Un des participants à la campagne contre les armes m’a par exemple rapporté cette anecdote. Il était en train de faire la queue dans sa voiture devant un check point. Un soldat s’apprêtait à fouiller la malle d’un véhicule devant lui quand son supérieur lui a intimé l’ordre de s’arrêter. L’officier a ensuite donné l’accolade au chauffeur avant de le laisser partir…
Les armes sont très répandues parmi les tribus, mais aussi chez les jeunes dans les grandes villes. Notre campagne s’adresse à eux parce qu’ils sont plus inconscients et que les mitraillettes symbolisent pour eux la force et est source de fierté. Nous organisons donc régulièrement des rencontres avec des jeunes pour discuter des dangers de la banalisation des armes.
Le nombre d’armes légères en circulation au Yémen est estimé à 50 millions, pour 24 millions d’habitants. Le pays serait le deuxième au monde où les armes à feu sont les plus nombreuses, derrière les États-Unis.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Djamel Belayachi (@DjamelBelayachi), journaliste à France 24