UKRAINE

"Europe vs Russie" : les Ukrainiens débattent et dérapent sur le web

Pris entre deux feux, les dirigeants ukrainiens n’en finissent plus d’hésiter à signer un accord historique d’association avec l'Union européenne. D’un côté, la Russie fait pression sur l’ancien État soviétique, affirmant que cet accord serait une "trahison majeure", de l’autre, des dizaines milliers d’Ukrainiens bravent depuis plusieurs jours des températures glaciales pour exprimer leur soutien à ce partenariat. En ligne aussi, le débat fait rage.

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À gauche “Poutine, si tu m’aimes, laisse-moi partir !” Photos publiées sur Instagram.

 

Ira, n’ira pas ? Pris entre deux feux, les dirigeants ukrainiens n’en finissent plus d’hésiter à signer un accord historique d’association avec l'Union européenne. D’un côté la Russie fait pression sur l’ancien État soviétique, affirmant que cet accord serait une "trahison majeure", de l’autre, des dizaines milliers d’Ukrainiens bravent depuis plusieurs jours des températures glaciales pour exprimer leur soutien à ce partenariat. En ligne aussi, le débat fait rage.

 

L'alliance avec l’UE devait être entérinée lors du "sommet du partenariat oriental de l'Union européenne" organisé jeudi 28 novembre à Vilnius, en Lituanie. Mais le gouvernement ukrainien a annoncé la semaine dernière suspendre ces négociations, affirmant chercher de meilleures conditions. De son côté, la Russie avait averti les dirigeants ukrainiens des conséquences commerciales de cette association, tout en évoquant une coopération économique portant sur des milliards de dollars.

 

Les Ukrainiens sont convaincus d’être actuellement à une croisée des chemins. Pour les manifestants, l’accord est un pas vers l’intégration à l’Union européenne, un pas qui leur permettrait de sortir de l’ombre de la Russie.

 

Petite aperçu de la bataille que se livrent les militants sur les réseaux sociaux :

 

 

À droite : "Une union européenne sans âme". À gauche : "L’âme de la Russie". L’UE est souvent présentée par les détracteurs de l’accord comme une structure lisse, sans âme, à l'inverse de la Russie, dont le caractère est representé ici, avec ironie, par ses routes truffées de nid de poules...

 

 

“L’Europe ou le Z”. La lettre Z fait référence à "zopa" qui signifie, poliment, les fesses. Dans ce contexte, cela signifie, l’échec.

 

Photo publiée surInstagram.

 

D’autres s’adressent directement au président ukrainien Viktor Yanukovych : “Yanukovych, va en enfer ; Ukraine, va en Europe”.

 

Photo publiée sur Instagram.

 

Ici, les manifestants citent une chanson de Radiohead pour dénoncer le mauvais "karma" des autorités ukrainiennes.

 

Photo publiée surInstagram

 

D’autres s’adressent directement aux autorités russes, "Poutine, si tu m’aimes, laisse-moi partir !"

 

Certains Ukrainiens, opposés à cet accord, s’inquiètent que celui-ci n’amène à leur pays à être plus tolérant envers les homosexuels. Tout comme en Russie, l’homophobie est très répandue en Ukraine. Des photos de pancartes particulièrement insultantes ont été postées sur les réseaux sociaux.                                                                                               

 

Photo publiée surLivejournal

 

La semaine dernière, des centaines de personnes ont organisé une manifestation contre l’Europe et contre l’homosexualité à Kiev. Les photos de manifestations comme celle-ci ont largement circulé sur les réseaux sociaux. On peut y lire "Euro = Homo".

 

Publié sur Twitter.

 

Des accusations de corruption ont aussi été relayées. Les détracteurs de l’accord affirment que les défenseurs du projet ont été payés pour se mobiliser. Sur cette pancarte, on peut lire : "Quelle est la différence entre Maidan 2004 [Mobilisation de l’opposition sur la place Maidan de Kiev lors de la Révolution orange] et Maidan 2013 ? Une journée de manifestation était payée 200 griven [18 euros] en 2004, mais n’est payée que 150 griven [13 euros] en 2013."

 

 

En Russie, certains internautes, peut-être agacés par le discours anti-russe, considèrent que les Ukrainiens pro-Europe mettent la charrue avant les bœufs.

 

Sur ce statut, un Russe s’étonne : "Quelqu’un a oublié de dire aux Ukrainiens que signer cette accord et intégrer l’Union européenne sont deux choses bien différents – et rien ne dit qu’ils seront autorisés à entre dans l’Union !"

 

Billet écrit avec la collaboration de Polina Myakinchenko, journaliste.