En images : des villages tibétains se révoltent contre les drapeaux chinois
Publié le : Modifié le :
Depuis le début du mois de septembre, plusieurs villages tibétains se sont soulevés contre la présence chinoise dans la région. À l’abri des médias, les protestations ont été réprimées dans le sang. Des manifestants ont toutefois réussi à diffuser à l’étranger une dizaine de photos de la révolte et à entrer en contact avec des Tibétains en exil, dont notre Observateur.
Publicité
Présence policière dans les rues de la ville de Biru.
Depuis le début du mois de septembre, plusieurs villages tibétains se sont soulevés contre la présence chinoise dans la région. À l’abri des médias, les protestations ont été réprimées dans le sang. Des manifestants ont toutefois réussi à diffuser à l’étranger une dizaine de photos de la révolte et à entrer en contact avec des Tibétains en exil, dont notre Observateur.
Les manifestations ont principalement éclaté dans le district de Biru (aussi appelé Driru), situé dans le nord-est de la région autonome du Tibet, en Chine. Le Tibet, ainsi que les zones tibétaines des provinces limitrophes, est totalement interdit d’accès aux journalistes. C’est donc principalement via les activistes sur place et à l’étranger que les informations circulent. Ngawang Tharpa, qui vit en exil à Dharamsala, en Inde, est l’un des derniers à avoir été en contact avec des habitants de la zone.
Le premier incident s’est déroulé à Donla Rido, début septembre. Dayang, un homme de 78 ans, a été arrêté après avoir scandé des slogans indépendantistes demandant un Tibet libre et le départ des Chinois. Après plusieurs jours de détention, il a finalement été transféré par les autorités dans un hôpital. Des sources m’ont affirmé qu’il portait des marques de maltraitance sur le corps. [L’homme a été condamné à deux ans et cinq mois de prison].
Dayang, l'activiste tibétain emprisonné.
Ensuite, fin septembre, dans le village de Mowa, les habitants se sont révoltés après que les autorités leur ont demandé d’accrocher un drapeau chinois devant chaque maison. Les villageois ont préféré jeter les drapeaux dans la rivière. Des soldats ont immédiatement été dépêchés sur place pour réprimer la protestation. D’après mes dernières informations, ils encerclent la plupart des maisons du village. Aucune photo de Mowa n’a été diffusée mais le mécontentement a fait tâche d’huile. Des milliers de villageois se sont rassemblés dans la grande ville de Biru. Le mouvement a été particulièrement suivi dans l’université.
Forces policières dans la ville de Biru.
Selon les contacts de notre Observateur, il s'agit d'un rassemblement d'étudiants à Biru en soutien aux manifestants de Mowa.
À Dathang, une grande manifestation a eu lieu dimanche 6 octobre en soutien à Dorjee Draktsel qui, la veille, avait protesté contre les drapeaux chinois, ce qui lui a valu d’être arrêté. Les habitants se sont mobilisés devant le bâtiment des autorités locales. Mais les forces de l’ordre ont tiré dans la foule. Plusieurs blessés par balles ont été signalés. Entre une et trois personnes seraient mortes [Information non confirmée par d’autres sources]. Quand à Dorjee Draktsel, personne n’a de nouvelles de lui depuis son arrestation.
La zone de Biru est aujourd’hui totalement quadrillée par les forces de l’ordre, les entrées et les sorties dans le district sont quasiment impossibles. Par ailleurs, les autorités ont coupé les lignes téléphoniques et l’accès à Internet. La dernière personne avec qui j’ai été en contact se trouve dans la préfecture voisine de Nangchu.
Ces révoltes ont lieu alors que la présence chinoise se renforce dans le district. Mi-septembre, plusieurs milliers de fonctionnaires ont été envoyés par Pékin dans la zone, dans le cadre de la politique des “neuf indispensables” (Nine Must-Haves). Une vaste campagne qui consiste à développer économiquement le Tibet en construisant des routes et des réseaux électriques, et à renforcer en parallèle la présence chinoise sur le terrain à grands renforts de portraits officiels et de drapeaux rouges.
Mais cette stratégie est très mal perçue par de nombreux Tibétains qui accusent Pékin de ne pas respecter leur culture et leur religion. Certains réclament l’autonomie de cette province de l’ouest de la Chine ainsi que le retour de leur chef spirituel, le Dalaï-Lama, aujourd’hui en exil à Dharamsala.
Selon l’organisation Save Tibet, 122 Tibétains se sont donnés la mort en s’immolant par le feu depuis 2009 en Chine, en signe de protestation contre Pékin.