VENEZUELA

À Caracas, un camion accidenté pillé par des badauds

 La vidéo montrant un camion de marchandise accidenté puis pillé sur une autoroute de Caracas, la capitale du Venezuela, a suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Pour notre Observateur, les images sont moralement choquantes mais pas surprenantes car, selon lui, ce type de scène est monnaie courante dans ce pays.

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Photo postée sur Twitter par @Lordacu.

 

La vidéo montrant un camion de marchandise accidenté puis pillé sur une autoroute de Caracas, la capitale du Venezuela, a suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Pour notre Observateur, les images sont moralement choquantes mais pas surprenantes car, selon lui, ce type de scène est monnaie courante dans ce pays.

 

L’accident s’est produit vendredi 27 septembre sur l’autoroute Francisco Fajardo, l’un des plus importants axes de Caracas. D’après la presse locale, le camion, qui transportait de grandes quantités de viande, a percuté de plein fouet une glissière de sécurité sur le bord de la route, un choc qui a coûté la vie au chauffeur.

 

Sur les images, alors que le trafic est complètement bloqué, une foule compacte de badauds s’agglutine autour du véhicule accidenté au niveau du pont jaune, non pas pour extirper le corps mais pour dérober la marchandise que le camion contient.

 

Vidéo du pillage tournée sur l'autoroute Francisco Fajardo et postée sur YouTube.

 

Sur Twitter, les réactions ont été virulentes.

 

"Quelle honte : pendant que le conducteur était en train d'agoniser, certains ont pillé le camion de viande", s'insurge Dickson.

 

"Le pillage du camion avec une personne morte à l'intérieur nous montre ce qu'est notre société. Le Venezuela n'existe plus", peste Erika.   

"Les camions de marchandise sont régulièrement attaqués au Venezuela"

 

Jean-Luc Crucifix travaille pour la fondation Programa andes tropicales, une ONG spécialisée dans l’environnement et le développement rural. Il vit à Merida au Venezuela.

 

Je suis plus choqué par la non-assistance à personne en danger que par la scène de pillage en elle-même. Au Venezuela, chauffeur-routier est un métier à risque. Dans les villages et dans certaines zones reculées, les convois de marchandise sont régulièrement attaqués par des pilleurs. C’est un phénomène très répandu qui est surtout le signe que le Venezuela est encore un pays très pauvre [selon l’UNICEF, 60,1 % de la population vivent dans la pauvreté, et 28,1 % dans la grande pauvreté, NDLR].

 

Les personnes qui apparaissent sur les images ne sont probablement pas des voleurs professionnels. Elles passaient par là et ont trouvé l’occasion trop bonne pour s’en priver. L’effet de groupe n’a rien arrangé, chacun a dû se dire : "Si lui pille, pourquoi pas moi ?".

 

On peut également reprocher aux pilleurs de ne pas avoir tenté de sauver le conducteur – au cas où celui-ci était encore vivant - ou du moins de ne pas avoir sorti le corps du véhicule, mais là non plus je ne suis pas surpris. Une personne qui porte assistance à quelqu’un en danger peut lui valoir d’être entendu par la police en qui personne n’a confiance ici. La méfiance est si forte, la peur d’être accusé à tort si ancrée, que chacun préfère laisser les secours faire leur travail.

 

Billet rédigé avec la collaboration de Grégoire Remund, journaliste à FRANCE 24.