Des habitants de Bangui défient la Séléka en paralysant l’aéroport
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Les habitants de Bangui n’en peuvent plus de l’insécurité. Et ils ont décidé d’employer les grands moyens pour le faire savoir. Mardi soir, plusieurs centaines d’entre eux ont investi le tarmac de l’aéroport international de Bangui, où ils ont installé un campement pour crier leur ras-le-bol face aux exactions et pillages de la Séléka.
Un soldat observe les habitants du quartier Boeing qui ont investi l'aéroport. Photos de Diaspora.
ACTUALISATION 29/08/2013 - 11h53 : Les manifestants ont été dispersés en fin de matinée par la Force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC) avec des bombes lacrymogènes. La plupart sont actuellement éparpillés dans la brousse autour de l'aéroport. Selon notre Observateur sur place, ces derniers sont "déterminés à revenir dès que possible".
Les habitants de Bangui n’en peuvent plus de l’insécurité. Et ils ont décidé d’employer les grands moyens pour le faire savoir. Mardi soir, plusieurs centaines d’entre eux ont investi le tarmac de l’aéroport international de Bangui, où ils ont installé un campement pour crier leur ras-le-bol face aux exactions et pillages de la Séléka.
Le sit-in spontané est mené depuis mardi par des habitants du quartier Boeing, mitoyen de l’aéroport, qui ont été rejoints dans la matinée par des habitants d’autres quartiers, dont Boy-Rabe. Tous dénoncent les tirs, les exactions et les pillages perpétrés par la Séléka, la coalition de rebelles au pouvoir depuis le coup d’État de mars dernier. Ils seraient à l'heure actuelle entre 3000 et 4000 selon une source militaire citée par RFI.
Les habitants ont déposé des nappes et installé des tentes sur le tarmac empêchant tout avion d’atterrir. Tous les vols vers la capitale centrafricaine, dont celui d’Air France, ont été annulés.
Les habitants de Boeing tentent d'organiser un camp sur le tarmac de l'aéroport.
Depuis dimanche 18 août, la situation sécuritaire est précaire à Bangui. En réaction à ces événements, le président Michel Djotodia a démis de ses fonctions le ministre de l’Intérieur pour nommer un proche de l’ex-président François Bozizé. Une réunion d'urgence a été organisée afin de permettre à la police et à la gendarmerie de reprendre le contrôle de la situation.
Mardi, le président français, François Hollande, a estimé qu’il était temps de s’impliquer davantage en Centrafrique pour éviter une "somalisation" du pays.
Vidéo publiée par Parole d'Afrique sur sa chaîne Youtube. La persone qui filme indique "je vois des enfants tout petit qui participent au sit-in !".
"Les habitants veulent le départ de Djotodia et ne veulent négocier avec personne"
Wayne (le nom a été modifié) était à l’aéroport de Bangui ce matin.
Il y a tout le monde sur place, hommes, femmes, enfants, même des tout petits ! Les gens sont très remontés et ont trouvé cette solution pour réclamer plus de sécurité. Une rumeur a même circulé sur le fait que le président Djotodia était en dehors du pays et qu’il fallait empêcher son avion d’atterrir, ce qui a renforcé la motivation des gens sur place [le président Djotodia a présidé ce matin la réunion du conseil de sécurité à Bangui selon le ministre de l’intérieur Josué Binoua]. Ils criaient "on n’a pas besoin de Djotodia, on veut la sécurité, on veut la paix en Centrafrique, on veut le changement !". Les gens ont même créé un marché, ils vendent des oranges, ils circulent à moto… ils essaient d’organiser une mini-société là-bas !
Ce mouvement est spontané : les personnes que j’ai croisé ont pris tout ce qu’ils ont pu, nourriture, nappes, oreillers... Ils ont l’air déterminé à rester le plus longtemps possible là-bas. Des représentants de la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (Micopax) essaient de négocier avec la population, mais comme il n’y a pas de représentants du mouvement, ils vont avoir du mal à convaincre les gens un par un [selon RFI, l'archevêque de Bangui et le ministre de l'Aviation se sont également rendus sur place pour négocier la libération de la piste sans succès].
La plupart se sont installés sur le tarmac principal qui se situe en face d’une base militaire française, où des soldats français protègent l'aéroport depuis la prise du pouvoir par la Séléka notamment pour l'évacuation des expatriés. Les membres de la Séléka sont donc bloqués : ils ne peuvent pas procéder à leurs habituelles opérations violentes de nettoyage en face de soldats français.
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© {{ scope.credits }}Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron (@alexcapron), journaliste pour Les Observateurs de FRANCE 24.