IRAN

Pour percer à l’étranger, des mannequins amateurs iraniens se dévoilent sur le Web

 Pas facile de faire une carrière de top model internationale quand on est iranienne. Et pour cause, sur toutes les campagnes de publicité autorisées par le pouvoir, les modèles doivent respecter scrupuleusement les règles vestimentaires islamiques, notamment le port du voile. C’est donc via les réseaux sociaux qu’un véritable système d’autopromotion underground s’est mis en place.

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Photo Facebook d'un mannequin amateur en Iran.

 

Pas facile de faire une carrière de top model international quand on est iranienne. Et pour cause, sur toutes les campagnes de publicité autorisées par le pouvoir, les modèles doivent respecter scrupuleusement les règles vestimentaires islamiques, notamment le port du voile. C’est donc via les réseaux sociaux qu’un véritable système d’autopromotion underground s’est mis en place.

 

Une belle tenue, beaucoup de maquillage, parfois même un peu de chirurgie, un bon photographe et, hop, les graines de top models postent leurs clichés les plus avantageux sur leur profil Facebook. Certaines indiquent même comme profession "mannequin" alors même qu'elle n'ont pas été repérées par une marque ou un agent.

 

En Iran, où le port du voile est obligatoire, Internet offre un moyen unique de se faire de la publicité en montrant peau et cheveux, tout en courant moins de risque de se faire attraper par la police islamique. Si ces jeunes filles rêvent toutes de faire une carrière hors de la République islamique, c’est d’une part pour pouvoir outrepasser les restrictions vestimentaires mais aussi pour gagner leur vie car, en Iran, la concurrence est telle que de nombreuses jeunes femmes acceptent de travailler gratuitement.

 

Photo Facebook d'un mannequin amateur en Iran.

 

La situation est en revanche bien plus simple pour les hommes dont les photos prises en Iran peuvent se vendre dans le monde entier, puisque les modèles ne sont soumis à aucune restriction particulière.

 

Photo du mannequin iranien Babak Rahimi. Après plusieurs campagnes en Iran, il a réussi à travailler à l’étranger.

 

Babak Rahimi pose pour une marque italienne.

 

FRANCE 24 a contacté une dizaine d’internautes se présentant comme mannequin sur leur profil Facebook, toutes ont refusé de nous parler et aucune n’a pu nous envoyer de photos professionnelles.  

"Des logos de marques sont rajoutés sur les photos pour faire professionnel"

Atefah Rahim Zadeh est créatrice de mode. Elle est modèle pour sa marque "Morgan" et emploie aussi des mannequins.

 

Les Iraniennes qui veulent faire carrière sans avoir à respecter les règles islamiques, comme le port du voile, sont prêtes à payer des photographes qui facturent 500 000 rials [30 euros] la photo. Elles lui demandent ensuite d’insérer le nom d’une marque sur le cliché pour faire plus professionnel. Ces séances photos sont évidemment parfaitement illégales et se font donc dans des studios underground. Aujourd’hui, la quasi-totalité des femmes qui se disent mannequins sur le Net n’ont jamais posé professionnellement.

 

En Iran, les magazines de mode et les publicitaires respectent la loi, donc pas une mèche de cheveux ne doit dépasser. Pour ma dernière campagne, je ne voulais vraiment pas risquer que l’on refuse mes photos. Alors, comme j’étais le modèle, je me suis rasé la tête sous le hijab pour que pas un cheveu ne soit visible.

 

De manière générale, être mannequin en Iran paye très mal. Personnellement, je ne paye pas les mannequins qui posent pour ma marque. Je les dédommage pour les dépenses et le transport. D’ailleurs, beaucoup de femmes sont prêtes à faire ça gratuitement juste pour devenir célèbre. Mes dépenses les plus importantes vont au photographe.

 

Atefah Rahim Zadeh pose pour sa marque 'Morgan'.

 

"Les mannequins gagnent très mal leur vie en Iran"

Fafa travaille comme mannequin pour des marques iraniennes et internationales.

 

Il y a quatre ans, une femme est venue vers moi au club de gym et m’a demandé si j’acceptais de poser pour des robes de mariée. J’ai dit oui, puis j’ai été contactée par plusieurs autres marques de vêtements ainsi qu’un fabricant de matelas. J’ai ensuite réussi à passer dans quelques publicités télévisées.

 

Fafa dans un magazine publié par un fabricant de matelas turc. En Iran, cette photo n’aurait pas été autorisée.

 

Sur Facebook, les jeunes femmes espèrent avoir un maximum de 'like' pour attirer l’attention des photographes et se voir proposer du travail. Malheureusement, on gagne très mal sa vie quand on est mannequin. Beaucoup de femmes et d’hommes acceptent de faire ça pour une bouchée de pain, donc les entreprises en profitent. Mais c'est certain que sans hijab, on gagnerait bien mieux notre vie.