LIBAN-SYRIE

Les rebelles syriens se vengent sur la ville libanaise de Hermel

Hermel, ville libanaise proche de la frontière syro-libanaise, est depuis quelques jours la cible de roquettes tirées par les rebelles syriens. Ces derniers se vengent sur cette ville à majorité chiite de l’engagement aux côté de Bachar al-Assad du Hezbollah libanais.

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Cratère causé par une roquette Grad tombée à Hermel le 28 mai 2013. Crédit @HermelNews.

 

Hermel, ville libanaise proche de la frontière syrienne, est depuis quelques jours la cible de roquettes tirées par les rebelles syriens. Ces derniers se vengent sur cette ville à majorité chiite de l’engagement aux côtés de Bachar al-Assad du Hezbollah libanais.

 

L’implication du Hezbollah dans les combats à Qousseir ou dans la banlieue de Damas, en Syrie, a incité les djihadistes syriens à des représailles sur Hermel, l'un des bastions du Parti de Dieu au Liban. Ils pilonnent la ville avec des roquettes Grad, des armes dont la précision est très faible. Trente-quatre roquettes ont été tirées sur la ville, dont treize depuis dimanche 26 mai, faisant trois morts.

 

Partie inférieure d'une roquette Grad tombée à Hermel. Crédit @HermelNews.

 

Deux roquettes du même type, cette fois-ci tirées depuis un village du mont Liban, se sont également abattues dimanche sur le quartier résidentiel de Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Hermel, comme Chiyah, sont prises pour cibles car les combattants du Hezbollah engagés dans les combats en Syrie sont pour la plupart originaires de ces régions.

"Le but est d’effrayer la population"

Awad, habitant de Hermel, est un membre de la famille proche de Loulou Awad, une fille de 17 ans tuée par une roquette, dimanche. Au moment où nous lui parlions, trois roquettes sont tombées dans un quartier résidentiel de la ville.

 

Je participe à la veillée funèbre comme des centaines de personnes venues de tout le pays. L’émotion est grande, surtout que les roquettes continuent de tomber.

 

La situation ne cesse de se dégrader à cause de la montée en puissance des groupes djihadistes de l’autre côté de la frontière et leur installation à Qousseir, qui n’est qu’à une demi-heure d’ici. Il y a deux mois, les roquettes tombaient dans les champs, aux extrémités de l’agglomération, sans faire de victimes. Mais les terroristes ont ajusté leurs tirs et maintenant ils tuent.

 

Concernant le tir qui a tué Loulou, on est sûr qu’il provenait du territoire libanais. Mais vu la porosité de la frontière, on soupçonne un groupe armé syrien.

 

La brigade Tawhid, venue de la région d’Alep pour soutenir les rebelles de Qousseir, lance des roquettes Grad 107mm sur Hermel. Selon certaines sources, ses membres seraient en territoire libanais. Vidéo du 27 mai 2013.

 

Malgré toutes ces provocations, j’insiste pour dire qu’on veille, en tant que clan et en tant que communauté, à la préservation de la cohabitation avec nos voisins sunnites. Mais avec la mort de Loulou, les choses commencent à s’envenimer. Ce matin [mardi 28 mai, NDLR], quelqu’un a mis le feu à quelques tentes de travailleurs syriens en ville. On a dénoncé cet acte, mais les choses peuvent nous échapper à tout moment.

Je pense que le but de ces provocations est d’effrayer la population chiite accusée de soutenir l’action du Hezbollah.

 

Funérailles et hommage rendu à un combattant chiite d’Hermel tombé à Qousseir. Crédit @HermelNews.

 

"Je suis persuadé que de plus en plus d’hommes ici sont prêts à prendre les armes pour nous défendre"

 

Rare vidéo des combattants du Hezbollah en action à Qousseir. Crédit @HermelNews.

 

Moi-même, j’ai vécu en France pendant onze ans et j’aimerais bien voir les Libanais et les Syriens vivre dans le même esprit de tolérance que j’ai connu là-bas. Mais malheureusement, aujourd’hui, les gens se préparent à la propagation du conflit au Liban.

 

Billet écrit en collaboration avec Wassim Nasr (@SimNasr), journaliste à FRANCE 24.