Mais après quoi court ce Chinois tout nu ?
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Il court, il court Li Binyuan. Parfois avec un crucifix géant, parfois avec une poupée gonflable, mais toujours en tenue d’Adam.
Il court, il court Li Binyuan. Parfois avec un crucifix géant, parfois avec une poupée gonflable, mais toujours en tenue d’Adam. La photo ci-dessous a été prise dans la capitale chinoise par des passants lors de la dernière performance du jeune artiste, tout juste diplômé de l’École nationale des beaux-arts de Pékin.
Mais c’est en avril que la première série de photos amateurs est apparue sur les réseaux sociaux chinois. On y voit le jeune homme courir nu, à toute allure, sur un passage piéton, une poupée gonflable sous le bras, tandis qu’une femme semble lancée à sa poursuite.
Les hypothèses les plus farfelues avaient alors circulé sur les raisons de cette course effrénée : "Est-ce un projet artistique ? Un jeu sexuel qui aurait mal tourné ?" s’interrogeait le site en ligne The Shanghaiist.
L'artiste explique avoir fait cela une dizaine de fois, mais seulement six de ses performances se sont retrouvées sur les réseaux sociaux. Pour Binyuan, l’objectif n’était pas artistique mais simplement d’évacuer son stress. L’artiste évoque enfin le contexte social dans lequel il a choisi de faire cette performance : "Dans la période déprimante et ennuyeuse que nous traversons, j’ai voulu prendre du bon temps. J’ai eu ce que je voulais. Maintenant j’arrête."
Peu importe les explications de Li Binyuan, pour certains c’est de l’art et c’est même l’art dont la Chine a besoin. C’est ce qu’explique le journaliste Patrick Lozada : "Alors que cela ne pourrait ressembler qu’à une mise en scène stupide, le travail de Li est beaucoup plus recherché. C’est un rejet primaire de l’autorité, une explosion dadaïste des schémas qui vise à choquer le public par sa subversion. C’est la même démarche que celle d’Ai Weiwei lorsqu’il fait ses portraits nus, entre autres performances que l’on pourrait juger absurdes. Cette bizarrerie est une façon de défier l’État qui pense qu’il est le seul à pouvoir définir la créativité."
Binyuan s’était déjà fait remarquer par une vidéo sur laquelle il tire des feux d’artifice non pas vers le ciel mais dans une rivière d’eaux usées ou encore en promenant une poule en laisse en plein pic de grippe aviaire.
Billet écrit avec la collaboration de Lu Haitao, observateur de France 24.