YEMEN

Une mutinerie de soldats met une ville du Yémen à feu et à sang

 Au Yémen, la moindre étincelle est susceptible de faire basculer le pays dans un conflit armé. Samedi, dans le sud-est du pays déjà affaibli par les tensions séparatistes et la présence d’Al-Qaïda, la mutinerie d’un groupe d’infanterie a déclenché une spirale de violence dans les rues de la ville de Radah. 

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Capture d'écran d'une vidéo montrant une camionnette de l'armée en feu.

 

Au Yémen, la moindre étincelle est susceptible de faire basculer le pays dans un conflit armé. Samedi, dans le sud-est du pays déjà affaibli par les tensions séparatistes et la présence d’Al-Qaïda, la mutinerie d’un groupe d’infanterie a déclenché une spirale de violence dans les rues de la ville de Radah.

 

Lundi, la ville de Radah, située à 150 kilomètres de Sanaa, a été le théâtre d’affrontements violents entre les soldats de l’infanterie de la garde républicaine et des habitants armés, faisant cinq morts dont deux soldats. Les violences auraient été déclenchées après que les soldats ont tenté de fermer de force les commerces de la ville. Une camionnette de l’armée a également pris feu, touchée par un tir de lance-roquette.

 

Contacté par FRANCE 24, le gouverneur de la ville a déclaré que rien ne justifiait les troubles provoqués par des soldats au milieu de la population, accusant ainsi les hommes de l’infanterie d’être à l’origine de ces violences. Le ministère de la Défense a nommé une commission d’enquête chargée de faire toute la lumière sur les incidents.

"Les soldats voulaient faire pression sur les autorités pour réclamer leur paie"

Hussein Al Dhafri est journaliste à Radah, il a assisté aux affrontements entre soldats et habitants.

 

Les autorités yéménites mènent depuis un an un combat contre les membres d’Al-Qaïda qui se sont implantés dans la région, à une dizaine de kilomètres de la ville de Radah. Il y a quelques mois, elles ont envoyé en renfort des membres de l’infanterie pour prêter main forte à la garde républicaine qui est déjà déployée dans la région.

 

Les soldats se sont plaints de ne pas avoir reçu leur paie début avril. Pour manifester leur mécontentement auprès des autorités, plusieurs d’entre eux ont investi Radah le 6 avril. Ils ont obligé les commerçants à fermer leurs boutiques et décrété la désobéissance civile afin de faire pression sur les autorités. Les soldats se sont comportés de manière violente avec les habitants, ils ont insulté les commerçants et semé la zizanie dans la ville en tirant en l’air à plusieurs reprises et en brûlant des pneus.

 

 

Le lendemain, dimanche, ils ont fait une nouvelle apparition dans la ville, obligeant les habitants à maintenir leurs commerces fermés. Exaspérés, des centaines d’habitants sont sortis manifester lundi. Ils étaient armés de mitraillettes et de lance-roquettes [Les habitants du Yémen sont les plus armés du monde après les Etats-Unis. Selon notre Observateur, les lance-roquettes sont en vente dans le pays et il est facile de s’en procurer, NDLR].

 

Les soldats de l’infanterie mutinée n’étaient pas présents ce jour-là mais d’autres éléments de la garde républicaine, qui sont depuis un certain temps implantés dans la région, étaient en ville. Ces derniers, qui connaissent pourtant mieux les habitants, n’ont malheureusement pas réussi à calmer la population qui ne cessait d’appeler à répondre à la violence des soldats de l’infanterie par la violence. Des affrontements se sont déclenchés et des tirs ont fusé de part et d’autre, provoquant morts et blessés.

 

 

La situation n’est toujours pas stable dans la ville : on continue à entendre des échanges de coups de feu de temps en temps et il y a toujours des barricades dans les rues, surtout aux alentours du marché. Une réunion se tient aujourd’hui entre les chefs de la ville et les responsables locaux de l’armée républicaine pour ramener le calme dans la ville.

 

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira (@SarraGrira), journaliste à FRANCE 24.