HAÏTI

Condamnés à vivre dans des bidonvilles, des sinistrés haïtiens crient leur colère

 Plus de trois ans après le terrible séisme qui a ravagé Haïti, le 12 janvier 2010, près d’un tiers des sinistrés, soit 360 000 personnes, n’ont toujours pas retrouvé de logements et vivent dans des camps. Une situation que certains d'entre eux ont dénoncée, jeudi, au cours d’une manifestation à Port-au-Prince. 

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Des sinistrés manifestent contre l'absence de perspectives de relogement, jeudi 28 mars, à Port-au-Prince. Photo via @BriKouri Nouvèl Gaye.

 

Plus de trois ans après le terrible séisme qui a ravagé Haïti, le 12 janvier 2010, près d’un tiers des sinistrés, soit 360 000 personnes, n’ont toujours pas retrouvé de logements et vivent dans des camps. Une situation que certains d'entre eux ont dénoncée, jeudi, au cours d’une manifestation à Port-au-Prince.

 

Cette manifestation n’est pas la première du genre et le phénomène prend de l’ampleur, selon le compte Twitter du site Let Haïti Live (@BriKouri Nouvèl Gaye), qui a relayé le rassemblement en direct. D’après les tweets, il y a plus de monde à chaque nouveau rendez-vous. Celui de jeudi aurait rassemblé "des milliers de personnes". Les manifestants ont chanté des slogans hostiles au président haïtien Michel Martelly, lui demandant "où sont les 3 000 maisons promises" durant sa campagne, et également à l’encontre des parlementaires. "À bas les impérialistes, à bas les ONG", pouvait-on aussi lire sur une pancarte, toujours d’après Let Haïti Live.

 

Photo de la manifestation publiée sur le compte Twitter BriKouri Nouvèl Gaye.

 

La colère des manifestants peut s’expliquer par le manque de résultats de la politique de reconstruction des logements. Deux programmes ont été lancés : à Zoranje, au nord-ouest de la zone métropolitaine, 2 000 maisons ont été édifiées.

Quatre cents nouveaux locataires y ont été logés, mais le reste des habitations a été squatté et pillé, note RFI.fr. Au nord de Port-au-Prince, à Morne à Cabri, seule une centaine des 3 000 logements prévus a été construite.

 

Quant au plan "16/6", qui devait reloger dans 16 nouveaux quartiers les sinistrés qui s’entassaient sur six places de Port-au-Prince, il a essuyé les critiques de la Fédération internationale des droits de l’Homme qui juge, dans un rapport publié en novembre dernier, que "le choix des six camps a été fait sur des critères de visibilité plutôt qu'en fonction du niveau de précarité et de vulnérabilité : il s'agissait de camps situés sur des espaces publics visibles, comme le Champ-de-Mars, les environs de l'aéroport ou les places publiques de Pétionville".

 

Photo de la manifestation publiée sur le compte Twitter BriKouri Nouvèl Gaye.

 

 

Ainsi, près de 500 camps subsistent encore, où les Haïtiens vivent dans des abris de fortune, exposés aux intempéries, et que l’ouragan Sandy a contribué à transformer en vrais bidonvilles. D’autres sinistrés ont retapé eux-mêmes leur immeuble, avec les moyens du bord, le rendant au final plus fragile qu’avant le séisme.

 

Ironie du sort, pendant que les réfugiés manifestaient jeudi, un hôtel Best Western était inauguré. Il s’agit du premier édifice hôtelier implanté sur l’île depuis 15 ans…