SERBIE

365 jours dans la vie d’une femme battue, une vidéo fait polémique en Serbie

 Une vidéo montrant l’évolution du visage d’une femme au fur et à mesure des coups que lui aurait assenés un homme fait actuellement le buzz en Serbie. Si l’authenticité des blessures est contestée par nombres d’internautes, qui y voient davantage une campagne de sensibilisation, le clip replace au cœur du débat la question des violences faites aux femmes en Serbie.

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Capture d'écran de la vidéo.

 

Une vidéo montrant l’évolution du visage d’une femme au fur et à mesure des coups que lui aurait assenés un homme fait actuellement le buzz en Serbie. Si l’authenticité des blessures est contestée par nombres d’internautes, qui y voient davantage une campagne de sensibilisation, le clip replace au cœur du débat la question des violences faites aux femmes en Serbie.

 

Sous le titre "Une photographie par jour durant la pire année de ma vie", la vidéo est un montage censé montrer 365 photos d’une femme dont le visage, au départ radieux, apparaît de plus en plus affecté par des hématomes, des bleus, des griffures et des traces d’étranglement. À la fin, la jeune femme tient un papier sur lequel est écrit : "Aidez-moi. Je ne sais pas si je tiendrai jusqu’à demain". Le montage, le cadrage et la musique sont directement repris de la vidéo du photographe américain Noah Kalina, qui s’était pris en photo chaque jour pendant six ans.

 

 

La vidéo a été publiée sur YouTube sur la chaîne fero061982. Selon le site B92, qui la relaie, la personne qui l’a postée est injoignable et aucune organisation de protection des femmes en Serbie n’a été en mesure de confirmer l’authenticité de ces images. Il semble par ailleurs que les blessures très spectaculaires présentées par la jeune femme relèvent plus d’un maquillage efficace que de la réalité. D'après la plupart des commentaires postés sur YouTube, les internautes voient  dans cette vidéo une campagne de sensibilisation aux violences faites aux femmes en Serbie.

 

 

Mais, qu’il soit authentique ou non, ce montage rappelle que la Serbie est un pays particulièrement touché par le phénomène. Selon le Centre d’aide aux violences domestiques, en 2012, 29 femmes sont mortes suite à des violences domestiques, et 42 qui ont trouvé refuge auprès d’organisations de protection de leurs droits estiment qu’elles seraient mortes si elles n’avaient pas fui leur domicile. Le Centre affirme que 3 964 femmes l’ont sollicité en 2011, et 5 440 en 2012. Selon un sondage réalisé en décembre 2010 par le Ministère serbe du travail et des politiques sociales, plus de la moitié des femmes serbes (54,2 %) se disaient victimes de violences, lesquelles étaient perpétrées dans 90% des cas par des hommes.

 

La Serbie a tardé à prendre la mesure de l’ampleur du phénomène, mais en 2011, le gouvernement a adopté une "Stratégie de prévention et d’élimination de la violence envers les femmes au sein de la famille et dans les relations intimes" avec une feuille de route allant jusqu’en 2016. Le nouveau gouvernement, formé après l’élection de l’ex-ultranationaliste Tomislav Nikolic à la présidence de la république en mai 2012, s’est également engagé à la respecter, notamment en adhérant à l’initiative COMMIT, lancée par l’ONU pour lutter contre les violences faites aux femmes.