GABON

À Libreville, des montagnes d’ordures ménagères ont pris leurs quartiers

 Les rues de Libreville, capitale du Gabon, ressemblent à un dépotoir depuis que l’unique entreprise chargée du ramassage des ordures ménagères éprouve toutes les peines du monde à en assurer la collecte. Si ce phénomène, récurrent dans cette ville, offre son lot d’odeurs nauséabondes, il met surtout en place de véritables nids à maladie.  

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Cette image montre un tas d'ordures dans une rue du quartier résidentiel d'Ambowé. Photo prise par notre Observateur Marc Ona Essangui.

 

Les rues de Libreville, capitale du Gabon, ressemblent à un dépotoir depuis que l’unique entreprise chargée du ramassage des ordures ménagères éprouve toutes les peines du monde à en assurer la collecte. Si ce phénomène, récurrent dans cette ville, offre son lot d’odeurs nauséabondes, il met surtout en place de véritables nids à maladie.

 

Depuis plusieurs semaines, la Sovog (Société de valorisation des ordures ménagères du Gabon) fait beaucoup parler d’elle à Libreville. Cette entreprise, qui détient un contrat exclusif pour le ramassage des ordures ménagères dans la cité gabonaise depuis 2002, est montrée du doigt pour son incapacité à accomplir sa mission.

 

Contactée mardi 16 octobre par FRANCE 24, la direction de la Sovog a assuré que "le problème des poubelles avait été définitivement réglé le week-end dernier". "Toutes ces images de tas d’ordures dont la presse locale aime faire son miel appartiennent au passé, annonce solennellement Franck Gibaud, directeur général adjoint de la Sovog. Ces derniers jours, la situation s’était dégradée en raison du comportement indélicat de certaines entreprises du secteur économique – moyennes et grandes surfaces, par exemple – qui, plutôt que de payer des sociétés privées pour acheminer leurs déchets vers la décharge, préfèrent les déverser sur les points de collecte appartenant à la Sovog et qui sont réservés normalement aux ordures ménagères."

 

Pourtant 48 heures après que tout soit prétendument "rentré dans l’ordre" (sic), notre Observateur à Libreville, Marc Ona Essangui, a pris des images qui prouvent que les rues de la capitale croulent toujours sous les ordures. Les photos et les vidéos ci-dessous montrent des amas de déchets jonchant les rues de la capitale, parfois en bordure d’écoles.

 

Les images montrent un tas d'ordures dans une rue du quartier résidentiel d'Ambowé, à Libreville. Vidéo postée sur YouTube par Marc Ona Essangui.

 

Les images montrent un tas d'ordures à proximité d'une école dans le quartier périphérique de Nzeng-Ayong, à Libreville. Vidéo postée sur YouTube par Marc Ona Essangui.

 

À Libreville, il n’existe qu’une seule décharge publique, située dans le quartier de Mindoubé. Saturée depuis des années, elle continue quand même d’accueillir un flot incessant d’ordures. Pour mettre un terme à cet engorgement, la Sovog réclame à l’État une usine de traitement des déchets qui viendrait s’implanter sur un terrain voisin. Une requête restée lettre morte à ce jour.

 

"De tels dépotoirs entraînent la prolifération de rats et de moustiques qui véhiculent des maladies graves"

 

Marc Ona Essangui, 50 ans, est secrétaire exécutif d’une ONG environnementale. Il vit à Libreville.

 

À l’heure où je vous parle, des quartiers entiers de Libreville sont submergés d'ordures. Si dans le quartier périphérique de Nzeng-Ayong, la situation est particulièrement catastrophique, les zones résidentielles ne sont pas non plus épargnées. Là où j’habite, à Ambowé, des montagnes de détritus pourrissent juste en face de belles demeures.

 

Évidemment, cela ne se limite pas à une pollution visuelle. De tels dépotoirs entraînent la prolifération de rats et de moustiques qui véhiculent des maladies graves. Quand il pleut, comme en ce moment, c’est encore pire. Les eaux pluviales stagnent car les canalisations sont bouchées par le trop plein d’ordures. Du coup, les moustiques en profitent pour pondre leurs larves, ce qui accentue le risque de paludisme. Par ailleurs, la putréfaction engendre des odeurs incommodantes et des vapeurs irritantes, susceptibles de provoquer des réactions allergiques voire des pneumonies.

 

"Je ne comprends pas pourquoi ce marché des ordures n’a pas été ouvert à la concurrence"

 

Libreville est une petite ville en comparaison à Dakar ou Abidjan. Ici, il y a à peine 700 000 habitants, il n’est donc pas normal qu’on ne puisse pas facilement gérer ce problème. Gouverner c’est prévoir. Une décharge ne marche pas sans une usine de traitement des déchets. Or, ici, on accumule mais on ne traite pas.

 

Je ne comprends pas pourquoi ce marché des ordures n’a pas été ouvert à la concurrence. La Sovog en a obtenu le monopole mais ne fait que la moitié du travail. Pourquoi ne pas faire appel à une autre société exclusivement dédiée au traitement des déchets qui travaillerait main dans la main avec la Sovog ?

 

Certaines ordures ménagères débordent des bacs. Photo prise à Libreville par Douglas Ntoutoumé, un autre Observateur.

 

Un amas d'ordures dans une rue de Libreville après de fortes pluies. Photo prise par Douglas Ntoutoumé.