Sur fond de bataille pour les îles Senkaku, les Chinois envisagent le boycott du "Made in Japan"
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Des milliers de Chinois en colère sont descendus dans les rues de plusieurs grandes villes du pays ce week-end, saccageant au passage des voitures de marques japonaises, dont une voiture de la police nationale. Cette protestation, écho aux tensions diplomatiques entre la Chine et le Japon pour le contrôle des îles Senkaku (Diaoyu en chinois), se poursuit désormais sur Internet, où l’idée de boycotter tous les produits nippons fait son chemin.
Des voitures de marques japonaises ont été renversées lors des manifestations surevnues le week-end dernier en Chine. Photo postée sur le site de microblogging Weibo.
Des milliers de Chinois en colère sont descendus dans les rues de plusieurs grandes villes du pays, ce week-end, saccageant au passage des voitures de marques japonaises, dont une voiture de la police nationale. Cette protestation, écho aux tensions diplomatiques entre la Chine et le Japon pour le contrôle des îles Senkaku (Diaoyu en chinois) se poursuit désormais sur Internet, où l’idée de boycotter tous les produits nippons fait son chemin.
La Chine et le Japon se disputent depuis des années la souveraineté de cet archipel situé en mer de Chine orientale. Pour l’essentiel constituées de rochers, ces îles n’en sont pas moins stratégiques puisque situées dans une zone potentiellement riche en hydrocarbures et sur une route maritime importante. Alors qu'elles sont administrées par le Japon depuis 1890, la Chine affirme qu’elles font partie de son territoire et revendique leur contrôle.
La tension entre les deux pays est montée d’un cran en juillet dernier lorsque trois patrouilleurs chinois ont pénétré dans les eaux territoriales entourant l’archipel inhabité. Un mois plus tard, le 15 août, des activistes chinois ont réussi à accoster sur l'une des îles où ils souhaitaient planter leur drapeau avant d’être arrêtés par les autorités japonaises. Réponse immédiate : samedi 18 août, un groupe de militants nippons a planté à son tour le drapeau japonais sur l’île principale de l’archipel et déclenché une série de manifestations, parfois violentes, sur le continent.
Capture d'écran du sondage, effectuée ce mardi.
Le calme est revenu en début de semaine, mais une nouvelle journée de mobilisation nationale est prévue le 18 septembre. Sur Internet, les appels au boycott des produits japonais se multiplient sans pour autant faire l’unanimité. À la question : "Le boycott du Japon est-il une bonne idée ?" posée sur Weibo, plus de 29 000 internautes ont répondu "Non", mardi soir, contre 23 000 qui ont répondu "Oui".
Zhang Jing est l'un de nos Observateurs à Wukan, dans la province du même nom.
Je comprends et soutiens ceux qui ont manifesté pacifiquement. Les citoyens ont le droit de s’exprimer, mais les comportements violents doivent cesser impérativement. Je doute fort que ceux qui ont renversé des voitures de fabrication japonaise et attaqué des restaurants japonais soient vraiment des patriotes.
Certes, de nombreuses personnes ont pris part aux manifestations, mais la plupart était en fait juste des badauds, des curieux venus prendre des photos. D’autres se sont servis de ces tensions comme excuse pour laisser éclater leurs propres frustrations.
Boycotter les produits japonais n’est, pour moi, rien d’autre qu’un slogan qui fonctionne. Mais nous utilisons les produits japonais dans notre vie quotidienne : les téléviseurs, téléphones portables et tant d’autres produits électroniques. Il est impossible de boycotter ce pays.
Voici quelques-uns des commentaires postés par les utilisateurs de Weibo qui ont répondu à l'enquête :
"À ceux qui disent que nous ne devrions pas faire le lien entre consommer japonais et patriotisme : si un vendeur malmène votre aïeul et se prépare à piller vos richesses, est-ce que vous allez docilement le payer pour acheter ses produits ?"
"Certains disent que le boycott des produits japonais ne fait que commencer. Moi, je les boycotte depuis toujours ! Le Japon n'a jamais admis le massacre de Nanjing - les Premiers ministres japonais se rendent régulièrement au sanctuaire de Yasukuni [où l’on rend hommage aux Japonais morts pendant la Seconde Guerre mondiale, y compris ceux condamnés pour crimes de guerre]. Je n’achète plus leurs produits depuis des années !"
"Les Chinois ont débarqué sur les îles Diaoyu, puis les Japonais ont arrêté les Chinois. Les Japonais ont débarqué sur les îles Diaoyu, puis les Chinois ont cassé leurs propres voitures. S'il vous plaît, boycottez d’abord les idiots."
"Les entreprises chinoises devraient travailler dur et innover. Qui choisirait des produits étrangers si les produits locaux étaient de même qualité ?"
Pour l’instant, les appels au boycott ne semblent pas avoir d’effet sur le secteur automobile. Huang Yi, le directeur exécutif de Zhongsheng Group, le plus important représentant de Toyota et de Nissan en Chine, a déclaré au New York Times qu’il n’a constaté aucune baisse des ventes de véhicules japonais en Chine ces derniers jours.
Les internautes ont pointé du doigt le paradoxe de ce manifestant qui proteste contre le Japon tout en utilisant un appareil photo de marque japonaise.