Un service d’escorte à vélo pour protéger les New-yorkaises
Quand vous rentrez tard le soir à Brooklyn, un coup de téléphone suffit désormais pour qu’un bénévole vienne vous chercher à vélo à la sortie du métro et vous raccompagner chez vous. Même les pourboires ne sont pas acceptés.
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Quand vous rentrez tard le soir à Brooklyn, un coup de téléphone suffit désormais pour qu’un bénévole vienne vous chercher à vélo à la sortie du métro et vous raccompagner chez vous. Même les pourboires ne sont pas acceptés.
Entièrement constituée de bénévoles, la "patrouille à vélo de Brooklyn" a été lancée à l’automne dernier par un habitant qui souhaitait endiguer l’augmentation des agressions sexuelles dans son quartier. L’idée a rapidement attiré la sympathie d’institutions locales : une église a fourni aux bénévoles des t-shirts avec bandes fluorescentes pour circuler la nuit et le sénateur de l’État de New York a envoyé aux cyclistes des vestes jaune fluo estampillées au nom de cette nouvelle patrouille civile.
Photo postée sur Facebook par Jay Ruiz.
En un an, 107 voyageurs ont fait appel à ces bons samaritains. Jay Ruiz, le fondateur du groupe, a étendu les services de ses bénévoles à plusieurs quartiers et à près d’une cinquantaine de stations de métro.
"Je dis toujours à mes gars ‘Protégez-les comme vous protégeriez votre propre mère’"
Jay Ruiz, 47 ans est originaire de Brooklyn. Il travaille dans une entreprise de coursiers à vélo le jour et dirige la Brooklyn Bike Patrol, la nuit.
L’année dernière, j’ai vu la vidéo d’une femme qui se faisait attaquer dans un quartier résidentiel de Brooklyn. Elle a eu beau hurler, personne ne lui est venu en aide et ça m’a mis hors de moi. [Au même moment, une vague d’agressions sexuelles avait été enregistrées à Brooklyn, dont un viol]. Je me suis dit que ce serait bien que toutes les femmes puissent être escortées pour rentrer chez elles. Au début, ce n’était pas facile, très peu de gens nous faisaient confiance. Mais, quand le New York Daily News a écrit un article sur nous, les choses ont commencé à rouler.
J’ai assisté à plusieurs réunions de quartiers pour présenter ce que l’on faisait. Une fois, une petite dame m’a demandé "Comment vous faire confiance ? Comment être certaine que vous n’êtes pas de mèche avec les voyous ?" Sur le coup, ça m’a un peu blessé. J’ai répondu "Combien de voyous assistent aux réunions de quartier ou vont se présenter à la police pour leur expliquer qui ils sont ?".
Les gens peuvent aussi venir visiter ma page Facebook où j’ai posté les photos de tous les bénévoles de l’équipe. Par ailleurs, il n’y a qu’un seul numéro. Le téléphone est toujours sur moi et je suis le seul à répondre. Si je ne peux pas me déplacer personnellement, je donne à la cliente le nom d’un autre bénévole. On est tous équipés de vestes jaunes.
Photo postée sur Facebook par Jay Ruiz.
"Il n’y a qu’un seul numéro. Le téléphone est toujours sur moi et je suis le seul à répondre"
Tous ceux avec qui je travaille sont de vrais gentlemen. Je demande impérativement leur casier judiciaire parce qu’avant toute chose, je dois pouvoir leur faire confiance. Je fais aussi un entretien détaillé. Aujourd’hui, je pourrais avoir 30 bénévoles mais je suis tellement stricte et paranoïaque que nous ne sommes que 15 au total. Mais, au moins, je suis certain qu’aucun d’entre eux ne laissera échapper un "salut ma belle !".
Ils savent quelles conversations ils peuvent avoir, par exemple, demander à la cliente comment s’est passée sa journée. Sur le trajet, nous mettons toujours le vélo entre nous et elle. Quand on arrive devant son domicile, on reste sur la route et on ne s’approche pas de l’entrée pour ne pas l’inquiéter.
Il arrive aussi que des hommes fassent appel à nous. On a déjà escorté des docteurs, des enseignants, des étudiants, des serveuses, des gens qui sortent tard du travail – il y a de tout. En fait si vous êtes un peu pompette ou si vous ne pouvez pas vous payer un taxi, appelez nous [718-744-7592]. On est toujours disponible.