Réouverture d’une plage de Fukushima : "La population reste dubitative"
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Avant la catastrophe de Fukushima, les 17 plages de la préfecture étaient très prisées des vacanciers et notamment des surfeurs. Plus d’un an après l’accident nucléaire, les autorités ont rouvert l’une d’entre elles au public mi-juillet. Pour notre Observateur, bénévole en charge du nettoyage du rivage, il faut maintenant convaincre les vacanciers de revenir.
La plage de Nakoso, le 16 juillet, jour de sa réouverture. Capture d'écran de la vidéo ci-dessous.
Avant la catastrophe de Fukushima, les 17 plages de la préfecture étaient très prisées des vacanciers et notamment des surfeurs. Plus d’un an après l’accident nucléaire, les autorités ont rouvert l’une d’entre elles au public mi-juillet. Pour notre Observateur, bénévole en charge du nettoyage du rivage, il faut maintenant convaincre les vacanciers de revenir.
La première zone à avoir été rouverte est la plage de Nakoso située dans la ville d’Iwaki , à 65 km au sud de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, endommagée lors du tsunami du 11 mars 2011. Les autorités avaient préalablement déclaré que l’eau était saine dans cette zone (moins d’un becquerel par litre). Par ailleurs, l’air n’est plus considéré comme une menace pour la santé. Ces arguments ont convaincu au moins un millier de baigneurs venus le 16 juillet se jeter à l’eau. Et pour ceux qui ont besoin d’être rassurés, les taux de radioactivité sont annoncés deux fois par jour sur la plage.
D’après un rapport intermédiaire de l’OMS, publié en mai 2012, les doses radioactives émises autour de la centrale, dans la préfecture de Fukushima, sont inférieures au niveau "critique" admis par la communauté scientifique internationale. Dans les secteurs non évacués de la préfecture (supérieur à 20 km de la centrale), les doses se situent entre 1 et 10 mSv, excepté dans deux zones où elles sont comprises entre 10 et 50 mSv. Le gouvernement japonais avait fixé à 20 mSv la dose à ne pas dépasser, une valeur de référence en contexte accidentel.
La plage de Nakoso vue du ciel.
Une étude de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire datant de mars 2012 avait elle aussi conclu à une diminution importante de la contamination initiale, tout en précisant que cela ne signifiait pas une disparition des risques, l’état de contamination de l’environnement étant considéré comme "chronique et pérenne". Les expositions, même à de faibles doses, peuvent porter à conséquence si elles s'accumulent dans le temps. Le rapport mettait notamment en garde contre la consommation de certains aliments pouvant être contaminés parmi lesquels les fruits, le lait, les champignons, le gibier et le poisson.
Provoqué par un séisme de magnitude 9, l’accident de Fukushima est la pire catastrophe qu’ait connue le secteur nucléaire depuis Tchernobyl en 1986. D’importantes particules radioactives avaient été émises dans l’air, les eaux et les sols de la région de la centrale au moment de la catastrophe, provoquant l’évacuation d’une centaine de milliers de personnes habitant dans un rayon de 20 km autour de la centrale.
"Quand on nettoie, il nous arrive de nous baigner"
Brandon est un Américain, étudiant le japonais. Il s’est porté volontaire pour nettoyer la plage d’Usuiso, une plage de la ville d’Iwaki, située un peu plus au nord de celle de Nakoso.
Je participe au nettoyage de la plage d’Usuiso depuis le début du mois de juillet. Notre travail consiste essentiellement à enlever les morceaux de bois et les débris qui s’y trouvent depuis le tsunami. Le taux de radioactivité n’est pas important ici. La ville a beaucoup plus souffert de la vague de destruction provoquée par le tsunami que des émissions radioactives.
La ville d'Iwaki, frappée par le tsunami le 11 mars 2011.
Pendant que nous nettoyons, il nous arrive d’aller piquer une tête dans la mer quelques minutes [La plage est officiellement fermée]. Une fois, des personnes de la municipalité sont venues nous voir alors que nous nous baigniions. Elles nous ont expliqué qu’on pouvait nager sans risque pour notre santé si ce n’est qu’il n’y avait pas de maîtres nageurs pour nous surveiller. Sur la plage, on y croise que des ouvriers chargés de la reconstruction du littoral.
"Les habitants de la préfecture de Fukushima ont, par exemple, encore beaucoup de mal à vendre leurs produits locaux"
J’aimerais vraiment qu’Usuiso soit reconstruite au plus vite afin que des visiteurs puissent de nouveau s’y rendre. [À part Nakoso, les autorités n’ont pas annoncé la réouverture d’autres plages ]. Pour autant, je pense que la majorité de la population reste dubitative à l’idée de passer des vacances dans un endroit qui a été complètement dévasté. Pour que cette zone redevienne une destination de vacances, les gens vont avoir besoin de plusieurs preuves concrètes de la sûreté du lieu.
Mais les mentalités sont difficiles à changer. Les habitants de la préfecture de Fukushima ont, par exemple, encore beaucoup de mal à vendre leurs produits locaux, même non contaminés. Au niveau national, le riz produit ici est encore considéré comme pollué. En revanche, certains business arrivent à repartir, notamment à l’export, donc j’ai bon espoir que les choses s’améliorent. [Le Japon demande actuellement aux pays de l’ASEAN de lever leurs restrictions sur les produits provenant de Fukushima. ]
Vidéo prise par notre Observateur Brandon sur la plage de Usuiso après une session de nettoyage en juillet 2012.