VIETNAM

Des villageois vietnamiens rebelles matés lors d'une gigantesque opération de police

 Des paysans de la province de Van Giang, dans le nord du Vietnam, s'élèvent contre un programme d’expropriation décidé par les autorités locales. Entre 2 000 et 4 000 policiers et miliciens ont été envoyés sur place, mardi 26 avril, pour briser la résistance de ces villageois insoumis. Une opération de police massive et violente, été filmée par des amateurs.  

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Des paysans de la province de Van Giang, dans le nord du Vietnam, s'élèvent contre un programme d’expropriation décidé par les autorités locales. Entre 2 000 et 4 000 policiers et miliciens ont été envoyés sur place, mardi 26 avril, pour briser la résistance de ces villageois insoumis. Une opération de police massive et violente, été filmée par des amateurs.

 

Les villageois protestent depuis des années contre un programme d’expropriations décidé par les autorités locales, visant 70 hectares de terres agricoles, pour y construire un ensemble urbain moderne (Ecoparc). Plus de 4 000 familles se battent contre ce plan qui menace l'exploitation de leurs terres agricoles. Ces dernières semaines, le conflit s’est envenimé : Les villageois ont bloqué le chantier d’Ecoparc, coupant les voies d’accès et organisant des tours de garde pour protéger leur campement.

 

 

Le 26 avril, des milliers de policiers et de membres de la "défense civile", armés de bâtons et de gaz lacrymogènes, ont approché le camp et se sont retrouvés face aux villageois.

 

 

 

 

Les forces de police ont ensuite chargé les paysans qui n'avaient que des pierres pour se défendre.

  

 

Cette attaque de la police vietnamienne a donné lieu à des passages à tabac qui ont choqué les internautes vietnamiens. Une vingtaine de villageois auraient par ailleurs été arrêtés. Pour l'heure, la contestation s'est tue.

 

 

 

 

Les médias locaux n’ont pas rapporté ces incidents. Ils ont toutefois été évoqués par quelques blogs, notamment par celui-ci. Un travail d’information particulièrement courageux dans un pays qui compte, selon les chiffres de Reporters sans frontières, 18 blogueurs et cyberdissidents emprisonnés. 

 

"Les autorités sont allées jusqu’à payer des voyous pour venir détruire nos plantations"

Nguyen (pseudonyme) est l’un des villageois délogés le 26 avril. Propos recueillis par le service vietnamien de RFI.

 

Nous vivons ce projet d’expropriation comme une invasion étrangère. Pour nous paysan, la terre est l’unique moyen de gagner notre vie et de nourrir nos enfants.

Jusqu’à présent nous n’avons pas pu discuter sur le principe même du projet, ni avec les investisseurs, ni avec les autorités. C’est comme s’ils nous volaient. Au départ, il nous a été proposé une indemnisation de 19,5 millions de dongs (700 euros) et 360 m2 de terres. Mais les habitants, mécontents, ont contesté ce montant. La somme est ensuite passée à 54 millions de dongs (près de 2 000 euros). Aujourd’hui, une famille de paysan avec deux enfants dépense en moyenne 100 millions par an (3 600 euros) soit le double. De quoi allons nous vivre pendant les six autres mois de l’année ? Les autorités nous expliquent qu’on sera formé à de nouveaux métiers mais je ne crois pas que ce soit possible quand on a déjà 40 ou 50 ans. Et puis la région offre très peu de débouchés.

 

"Personne ne nous a expliqué si ce projet était vraiment utile et justifié"

Nous manifestons depuis plus de huit ans en nous adressant à tous les interlocuteurs possibles de l’administration, mais que ce soit à l’échelon local ou à l’échelon national, personne ne réagit. Personne ne nous a jamais expliqué si ce projet était vraiment utile et justifié. D’ailleurs nous savons pertinemment que cet ensemble urbain n’est pas du tout indispensable. L’objectif de la compagnie très puissante qui le défend, c’est de faire de la spéculation immobilière.

La façon dont les choses ont été faites relève de l’abus de pouvoir. Le gouvernement a mobilisé de très nombreux policiers. Il est allé jusqu’à payer des voyous pour venir détruire nos plantations. Elles ont été rasées au bulldozer. C’est comme si il y avait eu une guerre ou un raz de marée. C’est désolant.

Nous continuerons à défendre nos droits et l’application de la loi. Depuis peu, la presse étrangère relaye les informations sur le traitement que nous inflige les autorités vietnamiennes. Le Parti communiste [actuellement au pouvoir] est censé être une émanation du peuple, nos dirigeants viennent des milieux agricoles, comme nous. C’est impensable qu’aujourd’hui, ils acceptent le vol de nos terres.