MALI

Une manifestation dégénère en affrontements entre pro et anti-putschistes

 Depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré (ATT), les manifestants pro et anti-pustchistes multipliaient les rassemblements, jusque-là sans violence. Mais pour la première fois ce jeudi, devant la Bourse du travail à Bamako, des affrontements ont éclaté entre les deux camps.

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Affrontements devant la bourse du travail à Bamako. ©Fabien Offner (@fabienoff)

 

 

Depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré (ATT), les manifestants pro et anti-pustchistes multipliaient les rassemblements, jusque-là sans violence. Mais pour la première fois ce jeudi, devant la Bourse du travail à Bamako, des affrontements ont éclaté entre des partisans des deux camps.

 

Jeudi 29 mars, le FUDR (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République), un mouvement anti-putschiste composé de 38 partis politiques et de centrales syndicales, a appelé ses militants à se réunir à la Bourse du travail à Bamako afin de réclamer séance tenante un retour à l’ordre constitutionnel suivi de la mise en place d’un échéancier électoral.

 

Le même jour, une manifestation pro-junte était prévue à l’aéroport de Bamako où devait arriver dans le même temps une délégation de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) dans le but d’arracher un compromis pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le rassemblement sur le tarmac a de fait contraint les trois présidents ouest-africains attendus (Côte d'Ivoire, Burkina Faso et Bénin) à faire demi-tour.

"Des militants soutenant la junte sont venus par dizaines interrompre le rassemblement"

Medoune B. (pseudonyme) est technicien en informatique à Bamako. Il dénonce depuis le 22 mars le coup d’État.

 

Depuis une semaine nous manifestons pour réclamer le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la tenue d’élections. Une fois encore, on s’était donné rendez-vous ce matin à la Bourse du travail. Mais cette fois-ci, ça a vite dégénéré.

 

Des militants soutenant la junte sont venus par dizaines interrompre le rassemblement. Ils nous ont jeté des pierres et donné des coups de bâtons. Alors que tout le monde courait dans tous les sens, ils ont commencé à casser et brûler des voitures. La plupart d’entre eux étaient habillés en uniforme militaire, mais d’autres personnes qui les accompagnaient étaient en civil. Ils couraient après des gens dans la rue, s’en prenaient à tout le monde. Un de mes amis a été blessé à l’épaule. Mon premier réflexe a été d’évacuer les lieux, mais les affrontements continuaient quand je suis parti. Tout s’est passé si vite, j’ai eu vraiment peur."

"Les défenseurs de la junte sèment la terreur à Bamako"

Anmany Haidara, habitant de Bamako, est un militant du FUDR.

 

Ce matin, notre réunion à la Bourse du travail a dû être interrompue en raison d'une attaque menée par des militants pro-putschistes. Ces derniers nous ont jeté des pierres. Au début, je n’ai pas hésité à riposter en leur lançant les pierres avec lesquelles ils nous agressaient. Mais j’ai craint pour ma sécurité alors j’ai fini par fuir.  Les affrontements ont duré entre vingt et trente minutes.

 

Les défenseurs de la junte sèment la terreur à Bamako. Les gens ont peur, ils n’osent plus sortir. Les Maliens veulent en finir avec ce climat. Le Mali est un pays de paix et doit le rester."

"Des jeunes anti-ATT voulaient que ceux qui s’opposent à la junte les rejoignent dans leur mouvement"

Ibrahim Maïga, enseignant, approuve le putsch militaire.

 

J’ai assisté aux heurts de ce matin. Des jeunes anti-ATT [Amadou Toumani Touré, le président chassé du pouvoir] sont venus assister au rassemblement organisé par les militants du FUDR pour tenter de les convaincre de s’unir à eux et de rejoindre les rangs de la junte du capitaine Sanogo. Ce qu’ils ont catégoriquement refusé. Du coup, ça a dégénéré et il y a eu ces jets de pierres.

 

La situation est tendue mais je ne pense pas qu’elle puisse s'envenimer, tout le monde est fatigué et souhaite que les choses rentrent dans l’ordre. Bien sûr, certains individus profitent de cette période trouble pour s’adonner à des actes de vandalisme mais cela concerne aussi bien des anti-ATT que des pro-ATT. "