ÉGYPTE

De l’art pour faire tomber les barricades du Caire

 Même si le calme est globalement revenu, les grandes artères du Caire sont toujours coupées par d’énormes barricades de béton. Des artistes égyptiens, lassés de vivre dans une ville qui semble toujours en état de guerre, ont décidé de les transformer en œuvres d’art.  

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Photo publiée sur Facebook par وكالة أنباء صالح ومنى

 

Même si le calme est globalement revenu, les grandes artères du Caire sont toujours coupées par d’énormes barricades de béton. Des artistes égyptiens, lassés de vivre dans une ville qui semble toujours en état de guerre, ont décidé de les transformer en œuvres d’art.

 

Des violences épisodiques ont éclaté depuis la chute d’Hosni Moubarak, le 11 février dernier. Des heurts ont éclaté en novembre entre des manifestants qui demandaient la fin du pouvoir militaire, et des forces de l'ordre

 

 Des échauffourées qui ont fait 41 morts. Par ailleurs, en février, 74 personnes ont été tuées lors d’un match de football dans la ville de Port-Saïd. Des incidents qui justifient, selon l’armée, le maintien dans la ville d’imposantes barricades faites de blocs de béton.

 

Ces murs, censés assurer la sécurité des citoyens, symbolisent pour certains l’impasse dans laquelle se trouve l’Egypte, qui peine à achever sa révolution. Des artistes locaux ont donc invité, le 9 mars, tous les habitants à se munir de pinceaux et de bombes de peinture pour s’attaquer aux blocs de béton dans le cadre d’une campagne intitulée "Plus de murs".

 

 

Photos postées sur Facebook par وكالة أنباء صالح ومنى

“Cette campagne a redonné de l’espoir à notre communauté ”

Shehab Diab est étudiant au Caire. Il a participé à l’initiative  "Plus de murs" vendredi dernier.

 

Les premières barricades de béton ont été érigées en novembre, au moment des manifestations demandant la fin du pouvoir militaire. Elles ont servi à empêcher les manifestants d’atteindre le ministère de l’Intérieur. D’autres murs ont été construits en décembre, puis le mois dernier.

 

Les manifestations ont cessé, mais ces murs restent en place rendant la circulation des voitures et des piétons difficile. Si c’est un vrai problème pour certains commerces, ces murs ont surtout un impact psychologique négatif. Les gens se sentent isolés.

 

Notre campagne veut montrer qu’on peut arrêter les corps, mais pas l’art ou les idées. Tout le monde pouvait y participer. Chacun a amené sa peinture et ses pinceaux. Avec un ami, nous avons réalisé une fresque pour la Journée de la femme. L’opération n’était censée durer qu’une journée, mais beaucoup de gens sont revenus ensuite pour finir leur œuvre.

 

Photo postée sur Twitter parShehabDiab.

 

Faire des graffitis n’est pas vraiment légal, mais je pense qu'on n'aura pas de soucis avec les autorités parce qu'on a été nombreux à participer. Le résultat de notre travail est beau, mais en plus il a redonné de l’espoir à notre communauté. C’était un moyen de dire au gouvernement que les problèmes ne peuvent pas être réglés uniquement en fortifiant la ville. Les solutions sont politiques.”