Partir ou rester, le dilemme des habitants de Bangkok
Publié le : Modifié le :
Les autorités thaïlandaises ont donné aux habitants de Bangkok cinq jours de vacances surprises qui ne devraient cependant pas être de tout repos. Dès jeudi, les habitants auront le choix entre se préparer à l’arrivée des eaux dans le centre de la capitale ou lever le camp. Ils sont déjà des milliers à avoir choisi la deuxième solution.
Les autorités thaïlandaises ont donné aux habitants de Bangkok cinq jours de vacances surprises qui ne devraient cependant pas être de tout repos. Dès jeudi, les habitants auront le choix entre se préparer à l’arrivée des eaux dans le centre de la capitale ou lever le camp. Ils sont déjà des milliers à avoir choisi la deuxième solution.
L’équivalent de 480 000 piscines olympiques devrait s’écouler dans la capitale d’ici ce week-end. Alors que la zone nord de Bangkok a déjà été fortement inondée, l’eau commence maintenant à s’écouler dans le centre de la ville.
Les habitants sont nombreux à avoir tenu compte des mises en garde du gouvernement et fait leurs valises. Les gares et les stations de bus ont été prises d’assaut, provoquant des embouteillages massifs sur les axes qui permettent de quitter la capitale.
Les inondations arrivent dans le centre de Bangkok.
"Beaucoup de gens pensaient que nous étions fous de partir"
Nutt habite à Bangkok. Elle a décidé de quitter la ville le temps des inondations.
Avec mon mari, nous avons quitté la ville la semaine dernière parce que nous étions persuadés que la totalité de la ville finirait sous l’eau. Nous avons rassemblé toutes les affaires du rez-de-chaussée pour les mettre à l’abri à l’étage.
Pourtant, il y a deux semaines, au moment des premières alertes, nous avions décidé de rester. Nous n’avons pas eu de problème pour acheter à boire et à manger pour une semaine. Mais à mesure que nos réserves s’épuisaient, nous avons réalisé qu’il était de plus en plus compliqué de trouver à manger. Le supermarché à côté de chez nous était bondé, on n’a même pas pu se garer.
Puis un ami à Ayutthaya [une ville située à 85 km au nord de Bangkok ndlr] a perdu sa maison. Il nous a raconté que tout s’était passé très vite. Et comme il n’avait pas été prévenu, il n’a pas pu mettre ses affaires à l’abri. Ça nous a fait peur. On a compris que Bangkok n’était pas à l’abri non plus car le gouvernement n’était pas capable de dire jusqu’où irait l’eau et combien de temps on resterait sans électricité.
Beaucoup de gens pensaient que nous étions fous de partir. Mais certains amis nous ont finalement prévenus qu’ils partiraient eux aussi et d’autres pleurent parce que leur maison est sous l’eau."
Les rues de Bangkok sont jonchées de sacs de sable.
"Tous les hôtels sont pleins et les routes sont bloquées donc ça ne me paraît pas être le meilleur moment pour partir"
Martin Lee a décidé de rester à Bangkok.
Mon quartier de Min Buri est complètement sec. Jeudi soir, des gens ont commencé à fuir donc je me suis demandé si je faisais le bon choix. Mais je suis au 4e étage et, mis à part les nouilles, les rayons de mon supermarché sont aussi pleins qu’avant. L’ironie de cette histoire, c’est que plus les gens partent, plus il y a à manger pour les autres.
Si les choses tournent mal, je partirai, mais je ne sais pas encore où. La gestion de la crise laisse franchement à désirer. Les autorités ont dit clairement aux gens qu’il valait mieux partir mais quant à savoir où les 9 millions de personnes doivent aller, ce n’est pas très clair. Tous les hôtels sont pleins et les routes sont bloquées donc ça ne me paraît pas être le meilleur moment pour partir. Ces annonces ne font que créer de la panique."
Cette vidéo mise en ligne par une ONG thaïlandaise explique les causes des inondations et comment s'y préparer.
"À deux heures de la capitale, nous commençons à manquer de nourriture"
Jonathan Blaine vit à Hua Hin, à deux heures au sud de Bangkok.
Nous ne sommes pas trop affectés ici mais il y a des coupures d’eau et on manque un peu de nourriture puisque beaucoup d’habitants de la capitale sont venus se réfugier ici. Hua Hin est une zone de villégiature et toutes les maisons à louer et les hôtels sont pleins.
L’épicerie du coin n’a plus d’eau, mis à part des bouteilles d’Evian qui se vendent à plus d’1,25 dollars et que personne ne peut se payer. Et tous les prix grimpent peu à peu. D’autres supermarchés manquent de produits frais, de boîtes de conserve, etc… Donc imaginez ce que ce sera dans quelques semaines. Nous nous fournissons essentiellement chez les fermiers locaux mais ils n’arrivent plus à suivre et augmentent les prix chaque jour."