Branle-bas de combat à Bangkok pour faire face au "tsunami d’eau douce"
Le gouvernement thaïlandais est-il en train de sacrifier les quartiers-est de Bangkok pour sauver le centre-ville ? C’est ce que se demandent nos Observateurs sur place alors que les eaux montent inéluctablement dans la capitale.
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Les autorités thaïlandaises sont sur le pied de guerre pour empêcher des inondations exceptionnelles de déferler sur Bangkok. Face à l’avancée inéluctable d’une immense masse d’eau, le gouvernement a décidé, jeudi 20 octobre, d’ouvrir les écluses et de drainer le surplus d’eau douce vers la mer via la partie orientale de la capitale. L’ouverture des écluses a entraîné le débordement d’un canal et plusieurs quartiers se trouvent déjà sous 50 cm d’eau.
Invoquant une loi sur les désastres naturels, le Premier ministre, Yingluck Shinawatra, s’est hissé à la tête des opérations de sauvetage. L’armée a pris position à plusieurs points stratégiques de la capitale, y compris le grand palais royal, les aéroports, les digues improvisées et l’hôpital Siriraj.
Quant aux 12 millions d’habitants de Bangkok, ils n’ont pas attendu le feu vert des autorités pour mettre leurs biens à l’abri et des centaines d’automobilistes ont déjà garé leur véhicule sur des voies routières surélevées. Alors que la bataille pour sauver Bangkok des eaux semble désormais perdue, tous gardent à l’esprit les images des inondations meurtrières qui ont ravagé plusieurs régions du nord, du nord-est et du centre du pays depuis le mois de juillet.
Vidéo publiée par wworpon sur YouTube, le 20 octobre.
"Le gouvernement n’a aucune idée de l’étendue des dégâts futurs"
Après avoir aidé ses parents à faire face aux inondations à Chiang Mai, dans le nord du pays, Nutt est rentrée à Bangkok. Elle réside dans le quartier de Yannawa.
Ce type d’inondation géante n’est jamais arrivé à Bangkok et les personnes qui ont grandi ici ont tendance à faire confiance au gouvernement, ils pensent que tout va bien se passer. Mais il y a aussi beaucoup de résidents qui viennent des régions du Nord-Est et ces derniers sont beaucoup plus inquiets. Ils savent d’expérience que l’eau n’obéit pas aux injonctions du gouvernement !
Je comprends la logique de la décision gouvernementale de détourner les eaux vers l’est de la capitale, parce que c’est l’accès le plus direct vers la rivière puis la mer. Mais, personnellement, je trouve ça injuste pour les résidents qui vivent ici parce que le gouvernement ne peut pas être sûr à l'avance de l’étendue des dégâts… Jusqu’à quel niveau montera l’eau ? Et pour combien de temps ?"
Photo publiée sur la page Facebook du gouverneur de Bangkok montrant ce dernier en train d'inspecter des digues improvisées.
"On se prépare aux inondations avec beaucoup d’appréhensions…"
Martin Lee est enseignant à Bangkok. Il réside dans le quartier de Minburi, dans l’est de la capitale.
J’habite dans le quartier de Minburi et on se prépare aux inondations avec beaucoup d’appréhension… D’après des informations locales, le niveau des eaux devraient montrer entre 1 et 1,20 mètre. J’ai vu plusieurs volontaires utiliser les sacs de sable donnés gratuitement par le gouvernement pour surélever des objets ou même des voitures.
On sent quand même que la tension commence à monter. Il devient de plus en plus difficile de trouver de la nourriture dans les supermarchés. Plusieurs usines ont fermé et les gens commencent vraiment à s’inquiéter pour leur avenir financier. Mais il n’y a pas de véritable opposition à la décision du gouvernement de laisser inonder la partie est de Bangkok… Tout le monde a bien compris que l’eau devait bien passer quelque part."