Un groupe pharmaceutique chinois se prend pour Louis XIV
Moulures, dorures, lustres, piano à queue et reproductions de tableaux de maîtres. Entrez dans les locaux du Harbin Pharmaceutical Group, un des principaux groupes pharmaceutiques publics de Chine.
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Moulures, dorures, lustres, piano à queue et reproductions de tableaux de maîtres. Entrez dans les locaux du Harbin Pharmaceutical Group, un des principaux groupes pharmaceutiques publics de Chine.
Le groupe pharmaceutique a publié sur son site plusieurs photos du siège de l’entreprise située dans la ville d’Harbin, capitale de la province du Heilongjiang. La somptueuse propriété a été construite sur le modèle du château de Versailles, construit en France sous Louis XIV.
Les photos de ce luxe ostentatoire ont déclenché un flot de commentaires sur le Net chinois. Selon Sui, un de nos Observateurs en Chine, elles ont aujourd’hui disparu du site. Le site a été hacké dimanche par les internautes mais selon notre Observateur, les photos avaient déjà disparu.
Une des photos officielles postées sur le site du groupe pharmaceutique Harbin.
Un porte-parole de la compagnie a fait savoir qu’il s’agissait bien de locaux appartenant à l’entreprise, mais qu’en aucun cas il ne s’agissait de bureaux. Ces salons luxueux seraient, en fait, les salles d’un musée appartenant à la compagnie et situé dans le même bâtiment. Les internautes ont cependant fait remarquer que sur le site de l’entreprise un musée est effectivement mentionné, mais la photo associée (ci-dessous) ne montre ni dorures, ni lustres.
Par ailleurs, sur les photos du soi-disant musée, plusieurs pièces semblent être aménagées comme des salles de réunion.
Le groupe pharmaceutique Harbin est une entreprise publique. Li Xiaomeng, journaliste de la chaine d’État CCTV qui s’est exprimé sur le site de microblogging Weibo, a rappelé que les entreprises d’État étaient taxées à 5 % sur leurs profits (contre 25 % pour les entreprises privées) et a regretté que le peuple n’ait pas son mot à dire sur l’emploi de l’argent issu de ces exonérations.
"Jusque dans ma salle de classe, je respire les odeurs des produits toxiques de l'usine"
Gao Hongjing est étudiante à Harbin.
Nous avons beaucoup souffert des activités de l’usine de Harbin Pharmaceutical Group. Elle est située dans le centre ville [au même endroit que les bureaux] et tous les jours des gaz toxiques sont émis. [Le groupe a été mis en cause dans plusieurs affaires de pollution, notamment parce que le traitement des déchets toxiques se faisaient au mépris des normes d’hygiène et de sécurité]. Les médias ont parlé de ce problème à plusieurs reprises mais la compagnie n’a rien fait de concret jusqu’à aujourd’hui. [ Harbin a annoncé en juin qu’elle investirait dans un nouveau système de traitement des eaux usées.] Jusque dans ma salle de classe à l’université, je respire ces odeurs."
Le palais du groupe Harbin vu de l'extérieur.
"Le manque (…) de transparence permet aux industries pharmaceutiques de pratiquer des prix exorbitants"
Zhang Zhen est ingénieur informatique à Nanchang.
Le prix des médicaments est très élevé en Chine. Le manque de régulation et de transparence permet aux industries pharmaceutiques, mais aussi aux hôpitaux, de demander des prix exorbitants aux clients. La compagnie Harbin est présente dans tout le pays. Partout, on aperçoit des publicités pour leurs produits, donc imaginez un peu les bénéfices qu’ils peuvent faire. Ce bâtiment est le reflet d’un manque total de moralité de la compagnie. Elle devrait se préoccuper avant tout de l’intérêt général."
Les deux photos ci-dessus ont été prises dans les locaux et postées par des internautes.
Le message du site de l'entreprise hacké le 11 septembre.