Les deux-roues dans la ligne de mire du régime de Damas
Depuis plusieurs mois, la vague de répression qui s’abat sur les grandes villes de Syrie s’accompagne systématiquement de la démolition des motos et des vélos appartenant aux manifestants. Les autorités semblent lassées de voir les contestataires leur filer entre les doigts sur leurs deux-roues.
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Depuis plusieurs mois, la répression qui s’abat sur les grandes villes de Syrie s’accompagne systématiquement de la démolition des motos et des vélos appartenant aux manifestants. Les autorités semblent lassées de voir les protestataires leur filer entre les doigts sur leurs deux-roues.
La dernière offensive menée par l’armée syrienne a eu lieu dimanche sur la ville portuaire de Lattaquié, où 26 personnes sont mortes. Au total, près de 1 800 civils ont été tués depuis mars, selon l'Organisation syrienne des droits de l’Homme.
Après chaque intervention de l’armée, des vidéos sur lesquelles des "montagnes" de deux-roues sont détruites par les forces de l’ordre apparaissent sur Internet. La plupart semblent filmées par les forces de l’ordre.
Un tas de motos brûlées à Hama. Vidéo postée le 8 août.
Cette vidéo aurait été filmée à Lattaquié lors d’une offensive lancée en mai dernier par l’armée syrienne. Des tanks détruisent des dizaines de scooters.
"Les deux roues permettent d’échapper plus facilement aux forces de l’ordre"
Mona Syria (pseudonyme) est l'une de nos Observatrices à Homs
Le fait de s’attaquer aux véhicules des manifestants est une stratégie qui est apparue dès le début de la contestation, à Deraa. Cette technique a ensuite été réutilisée dans toutes les villes qui ont été le théâtre de manifestations. Ces actions coup de poing sont organisées dans les quartiers les plus impliqués. En général, les forces de l’ordre choisissent des véhicules au hasard, sans connaître leur propriétaire.
"Aujourd’hui toute personne sur un deux-roues est considérée comme suspecte"
Lors des dernières offensives des forces de l’ordre à Homs, des voitures ont été écrasées par des tanks - mais, en général, ce sont les deux-roues qui sont visés. Car dès qu’il y a des rassemblements d’opposants, les voitures n’ont plus le droit de circuler dans les villes, donc les manifestants se déplacent à vélo ou en moto. Les villes syriennes recèlent de petites rues étroites. Les deux-roues permettent d’y circuler rapidement, donc de semer les forces de l’ordre en cas de poursuite. Aujourd’hui, toute personne sur un deux-roues est suspecte. Il y a quelque temps, alors que j’étais dans la voiture de ma cousine à Homs, un cycliste s’est fait arrêter sous nos yeux sans aucune raison. La seule chose qui pouvait lui être reprochée était d’être sur son vélo.
La plupart de ces vidéos sont filmées et diffusées par les forces de l’ordre. L’objectif est de punir les manifestants, de le faire savoir et donc de les dissuader. Mais cela n’est qu’un aspect de la répression. Les hommes ne sont pas mieux traités que ces véhicules."
Ces images auraient été filmées au début du mouvement de protestation dans la ville de Tafas, à quelques kilomètres au nord de Deraa. Les forces de sécurité brûlent des deux-roues par dizaines. Vidéo postée en mai.
Sur ces images filmées à El Taebah, au sud-est de Deraa, des soldats de l’armée syrienne brûlent un tas de pneus neufs.
À Jabal Zawyeh, près d’Idlib, dans le nord du pays, des forces de sécurité détruisent le moteur d’une moto. Vidéo postée le 29 juin 2011.
Billet écrit avec la collaboration de Ségolène Malterre, journaliste à France 24.