RUSSIE

Les féministes russes vent debout contre les gros seins de "l’Armée de Poutine"

 De belles silhouettes et des seins nus à la place des vieux tanks... Bienvenue dans les rangs de l’Armée de Poutine, un collectif de jeunes femmes militant pour la réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe en 2012. Une initiative qui fait enrager

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De belles silhouttes et des seins nus à la place des vieux tanks... Bienvenue dans les rangs de l’Armée de Poutine, un collectif de jeunes femmes militant pour la réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe en 2012. Une initiative qui fait enrager nombre de femmes dans le pays…

 

Tout a commencé par un clip promotionnel montrant une flopée de jolies femmes russes qui exhortent leurs compatriotes à "arracher leurs vêtements" pour soutenir la candidature de Vladimir Poutine à l’élection présidentielle de 2012. Le collectif, qui se fait appeler l'Armée de Poutine, veut protéger l’actuel Premier ministre des critiques. À la fin du clip, une jeune femme blonde en tailleur noir et hauts talons arrache son t-shirt… et la scène se conclut sur une généreuse poitrine en gros plan. Toutes les femmes russes sont en outre appelées à poster sur Internet des vidéos où elles exhibent leurs plus beaux attributs au nom de leur candidat préféré. Il est même promis un iPad à celle qui aura réalisé le meilleur film. Le groupe de l’Armée de Poutine sur le réseau social russe Vkontakte compte près de 4 800 fans, mais peu de vidéos de soutien ont encore été postées.

 

Clip promotionnel de l'Armée de Poutine, publiée sur YouTube.

  

Cette campagne n’a pas manqué d’irriter une partie de la population et en particulier la gent féminine. Elle a été interprétée comme un coup de pub fomenté par le Kremlin. De leur côté, les membres de l’Armée de Poutine ont nié toute implication du gouvernement. Mais les journaux russes ont rapporté que, durant leur premier rassemblement, le 22 juillet (une journée d’"enrôlement" organisée dans le centre de Moscou), certains conseillers en communication du Premier ministre étaient présents.

 

En réaction, un groupe appelé Armée anti-Poutine a été créé sur Vkontakte. Il rassemble pour le moment un peu plus de 1500 membres. Le 22 juillet, ces féministes se sont présentées à l"’enrôlement" aux cris de "Russie, Poutine, nichons !" et "Pour un iPad, je ne déchirerai rien !"

 

Quant aux hommes qui étaient venus dans l’espoir de voir un peu de chair dévoilée, ils ont été déçus. Seule une "soldate" a déchiré son t-shirt, ne laissant apparaître qu’un sobre soutien-gorge noir. L’Armée de Poutine doit encore apprendre des féministes du mouvement ukrainien FEMEN, célèbres pour se déshabiller en public pour défendre leur cause.

 

La première vidéo publiée montre une boxeuse expliquer qu'elle aime Poutine parce qu'il est un homme et non parce qu'il est une célébrité. Elle dit aimer la façon qu'il a de marcher et celle de sourire et qu'elle a craqué pour lui. Elle dit qu'elle est prête à tout déchirer pour lui. 

"Elles disent qu’elles aiment Poutine parce qu’il est 'cool'"

Nastya Surguch étudie le management à Moscou. Elle est membre du groupe de l’Armée anti-Poutine.

 

Je ne sais toujours pas comment prendre cette affaire. Peut-être que ces filles ne sont pas stupides, mais ceux qui les ont payées doivent l’être sérieusement. C’est vraiment idiot de dépenser de l’argent pour une initiative aussi médiocre.

 

Je me suis rendue à l’un de leurs rassemblements à Moscou et j’ai demandé à ces filles ‘belles et intelligentes’ - comme elles se décrivent elles-mêmes - pourquoi il faudrait voter pour Vladimir Poutine. Elles m’ont toutes répondu à peu près la même chose : 'Parce qu’il est cool'. Cette réponse parle d’elle-même. Toute personne douée d’intelligence, et sans doute le sont-elles, comprend qu’il n’est pas suffisant d’être 'cool' pour être président. 

 

L’événement était supposé être frappant, patriotique et il a clairement dû coûter une grosse somme d’argent. Pourtant, c’était pathétique. Cela se passe toujours comme ça en Russie. Je ne suis pas nostalgique et je ne dis pas que c’était mieux avant. Mais même à l’époque de Staline, il ne régnait pas un état d’impunité comme aujourd’hui."

Ce billet a été rédigé avec la collaboration d'Ostap Karmodi, journaliste freelance.