YEMEN

La police yéménite vient à bout d’une des "places de la liberté"

Les manifestants yéménites ont fait des sit-in leur stratégie de résistance. A Sanaa, à Aden ou à Taëz, ils occupent les places principales de leurs villes, renommées "Place de la liberté" ou "Place du changement", depuis plus de trois mois. Pour la première fois, l’une de ces places a été reconquise par les forces de l’ordre, après une très violente bataille.

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Capture d'écran d'une vidéo montrant les tentes brûlées par les forces de police sur la Place de la liberté à Taëz. Vidéo publiée sur YouTube.

 

Les manifestants yéménites ont fait des sit-in leur stratégie de résistance. A Sanaa, à Aden ou à Taëz, ils occupent les places principales de leurs villes, renommées pour l'occasion "Place de la liberté" ou "Place du changement", depuis plus de trois mois. Pour la première fois, l’une de ces places a été reconquise par les forces de l’ordre, au terme d'une violente bataille.

 

L’attaque de la "Place de la liberté" de Taëz par la police a eu lieu dans la nuit du 12 au 13 mai. Elle a fait au moins 20 morts et des témoins rapportent de nombreuses arrestations. Depuis, un imposant dispositif militaire quadrille cette ville du sud-ouest du Yémen.

 

Tentes brûlées par les forces de police sur la Place de la liberté à Taëz. Vidéo publiée sur YouTube.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24.

"Les policiers poursuivaient les manifestants, leur tiraient dessus, parfois à bout portant"

Ahmed Abbas al-Bacha est un activiste, il était sur place lors de l’attaque des forces de police.

 

Dimanche 29 mai dans la matinée, des policiers ont arrêté quelques jeunes qui participaient au sit-in de la Place de la liberté. Ils les ont emmenés dans un centre de détention situé non loin. Quelques heures plus tard, des manifestants se sont réunis devant ce bâtiment ; ils ont scandé des slogans appelant à la libération de leurs camarades. Une demi-heure plus tard, les policiers ont attaqué. Il y avait parmi eux des hommes armés habillés en civil et qui se cachaient le visage. Je ne pense pas qu’il s’agissait des policiers. Ils tiraient sur les manifestants depuis les toits et les balcons, comme on le voit sur les vidéos que j’ai prises. Les manifestants, eux, n’avaient que des pierres à lancer.

 

Des hommes armés qui tirent sur les manifestants. Vidéo publiée sur YouTube.

 

Nous avons vite compris qu’ils voulaient en finir avec le sit-in de la Place de la liberté. Car après s’être attaquées aux manifestants, les forces de l’ordre se sont dirigées vers la place. Elles l’ont investie avec des véhicules militaires, des canons à eau et même des pelleteuses. Les jeunes ont essayé de résister en se protégeant derrière des barricades, en vain. Les policiers les poursuivaient, leur tiraient dessus, parfois à bout portant. Ils ont aussi visé les immeubles alentour, notamment le bâtiment où se trouvait la Commission de communication – les manifestants chargés de diffuser les vidéos de la mobilisation – ainsi que plusieurs journalistes [un journaliste de la chaîne Al-Arabiya a été arrêté]. Ils ont aussi mis le feu aux tentes dressées sur la place. Et jusqu’à deux heures du matin, les pelleteuses ont tout broyé sur leur passage. Aujourd’hui, sur la Place de la liberté, tout est calciné. Même les arbres ont été brûlés.

 

Les jeunes ont essayé de reprendre le contrôle de la place dans la journée de lundi, mais ils n’ont pas réussi. Les affrontements continuent dans plusieurs rues de la ville."

 

Des blessés soignés à l'hôpital "Safwa" près de la place. Vidéo publiée sur YouTube.