SYRIE

Le régime syrien libère les opposants torturés pour effrayer les manifestants

 Selon plusieurs de nos Observateurs en Syrie, le régime aurait recours à une stratégie particulièrement sordide pour dissuader ses citoyens de sortir protester : il arrête, il torture, puis il relâches les manifestants pour que ces derniers racontent ce qu'ils ont subi.

Publicité

 

Selon plusieurs de nos Observateurs en Syrie, le régime aurait recours à une stratégie particulièrement sordide pour dissuader ses citoyens de sortir protester : il arrête, il torture puis il relâche les manifestants pour que ces derniers racontent ce qu'ils ont subi.

 

Cette vidéo a été tournée il y a trois semaines à Banias. On y voit des manifestants qui expliquent avoir été maltraités en prison.

 

Vidéo publiée sur YouTube.

 

Selon des ONG, plus de 8 000 personnes auraient été arrêtées ou auraient disparu en Syrie depuis le début du mouvement de contestation, en mars dernier.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24.

"Voyant que la simple répression des manifestations ne mène nulle part, le régime joue la carte de la peur"

Nabil habite Damas. Nous sommes en contact avec lui depuis le début du mouvement de contestation.

 

La semaine dernière à Al-Moadamiya, un quartier de l’ouest de Damas, la police a procédé à plusieurs arrestations. Quelques jours après, à la veille de la grande mobilisation du "Vendredi du défi", ils ont relâché un certain nombre de prisonniers qu’ils avaient torturés. Les autorités espèrent que les marques de torture sur les corps des détenus libérés dissuaderont les habitants de continuer à manifester. [Le journaliste algérien khaled Sid Mohand, arrêté à Damas le 9 avril dernier et libéré le 3 mai, a également déclaré sur FRANCE 24 que les autorités syriennes relâchent des prisonniers torturés pour effrayer les autres manifestants].

 

Les détenus eux-mêmes sont d’ailleurs souvent terrorisés après leur libération et peu d’entre eux sont encore déterminés à renverser le régime. Quant à ceux qui n’ont pas été libérés, ils servent de moyen de pression sur les familles.

 

Au début, ces pratiques ont surtout été constatées à Banias et à Deraa, là où la répression a été la plus violente. Mais peu à peu, elles se sont étendues à toutes les villes qui se sont révoltées, pour devenir une véritable stratégie du gouvernement. Voyant que la simple répression des manifestations ne mène nulle part, le régime joue la carte de la peur. Ce vendredi sera une étape décisive pour savoir à quel point cela a été efficace."