En Iran, on se rue sur le pain comme sur de l’or
Après que le gouvernement a supprimé les subventions sur certains produits de base en décembre 2010, le coût de la vie a atteint un niveau record en Iran. Et les habitants doivent se ruer sur les rares produits encore subventionnés ou distribués par les autorités.
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Après que le gouvernement a supprimé les subventions sur certains produits de base en décembre 2010, le coût de la vie a atteint un niveau record en Iran. Et les habitants doivent se ruer sur les rares produits encore subventionnés ou distribués par les autorités.
Le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad a supprimé peu à peu les subventions sur le gaz, l’essence, l’électricité et certains produits alimentaires qui avaient été mis en place il y a plusieurs dizaines années. L’objectif est d’économiser 13 milliards d’euros annuels et de renflouer les caisses de l’état qui, déjà fragiles, ont été particulièrement minées par quatre phases successives de sanctions des Nations unies.
Le prix du pain a été augmenté de 25 % le 26 avril et une seconde hausse est prévue dans quatre mois. Le très répandu pain de Sangak est passé de 4000 rials (36 cents) à 5000 rials (45 cents). Et son prix avait déjà triplé au moment des suppressions de subventions en décembre.Par ailleurs, le prix de l’essence a quadruplé. Les propriétaires ont désormais droit à 60 litres de fuel par mois à 40 cents le litre alors qu’en 2010, ils ne payaient que 10 cents par litre.
Depuis le mois de décembre, tous les Iraniens reçoivent chaque mois l’équivalent de 30 euros pour compenser la suppression des aides, mais ils sont nombreux à considérer que ce n’est pas assez pour faire face à la très brusque montée des prix.
Sur cette vidéo, les clients d’une banque, qui serait située dans la ville de Zahedan dans le sud-est du pays, se ruent à l’ouverture des portes pour récupérer l’aide mensuelle donnée par le gouvernement. La somme de 30 euros n’est pas distribuée un jour fixe, la date est annoncée à la radio et à la télévision d’état. Vidéo postée sur YouTube par IranMandegar.
"Certaines rares personnes soutiennent ces supressions"
Nazane Daryani [pseudonyme], 42 ans, travaille à l’université de sciences médicales de Téhéran. Elle habitait à Paris depuis des années, mais est rentrée en Iran au début de l’année 2010.
Certains produits en Iran sont excessivement chers comparé à Paris. Pour un morceau de viande que je paierais 6 euros en France, ici, je paie presque 18 euros.
Certaines rares personnes soutiennent, malgré tout, la suppression des subventions. Un de mes collègues, qui soutient farouchement le gouvernement, m’a dit que ces subventions étaient une perte gigantesque pour le budget de l’état et qu’il fallait réduire ce gaspillage. "
"Les 30 euros mensuels peuvent couvrir des repas pour une personne pendant une semaine"
Mohammed Shirali vit dans la ville d’Ahvaz dans le sud-ouest du pays. Il travaille comme ingénieur dans une entreprise pétrolière chinoise.
Les subventions n’ont pas totalement disparu, mais elles ne sont simplement plus suffisantes pour la plupart des Iraniens. Par exemple, les gens ont droit à 60 litres d’essence subventionnés par mois. Mais si vous utilisez votre voiture tous les jours, vous n’avez plus rien au milieu du mois. Ensuite, vous devez acheter de l’essence non subventionnée à 70 centimes le litre au lieu de 40 centimes.
Quant aux 30 euros mensuels, ils peuvent couvrir des repas pour une personne pendant une semaine, et encore si vous mangez chichement. Alors vous mangez quoi le reste du mois ?
La situation est encore pire dans la province du Khūzestān où je vis. Nous produisons 80% des exportations de pétrole de l’Iran, pourtant les gens ici sont très pauvres, moins éduqués que dans le reste du pays."
"La famille de classe moyenne n’a plus les moyens de payer les factures de gaz et d’électricité"
Alireza est un journaliste retraité. Il vit à Téhéran.
Ces suppressions sont un véritable désastre pour la majorité des Iraniens. La famille de classe moyenne - et je ne parle même pas des familles à revenus faibles – n’a plus les moyens de payer les factures de gaz et d’électricité [Selon l’agence de presse iranienne, Mehr News, en mars, 30% des Iraniens n’ont pas payé leur facture de gaz.]
La hausse des prix concerne absolument tous les produits de base : l’eau courante, le gaz pour se chauffer, la nourriture… tout est cher. "
Ces images ont été filmées dans une coopérative de la ville d'Alvand (Province de Qasvin) qui vend des poulets subventionnés moins chers que dans les supermarchés. Vidéo postée sur YouTube par farhadwiss.