RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

On juge les chefs rebelles rwandais, mais leurs soldats continuent à violer au Congo

 Le procès d’Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, deux chefs rebelles rwandais des FDLR ((Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) poursuivis pour des crimes  commis par leurs troupes à l’Est de la République Démocratique du Congo, s’ouvre le 4 mai à Stuttgart (Allemagne). Sur le terrain, leurs hommes continuent pourtant à commettre des exactions, notamment des viols.

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Des militantes d'organisations congolaises en visite à Mwenga, un village du Sud-Kivu où une dizaine de femmes ont été enterrées vivantes, après avoir été violées. Photo publiée sur le site du centre Olame.

 

Le procès d’Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, deux chefs rebelles rwandais des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) poursuivis pour des crimes commis par leurs troupes à l’Est de la République Démocratique du Congo, s’ouvre le 4 mai à Stuttgart (Allemagne). Sur le terrain, leurs hommes continuent pourtant à commettre des exactions, notamment des viols.

 

Depuis plus d’une décennie, les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda sont basés au Kivu dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Les FDLR sont constitués d’anciens éléments de l’armée régulière rwandaise et de milices hutus accusés d’avoir participé au génocide rwandais de 1994. Leur branche politique regroupe quelques intellectuels hutus rwandais vivant en exil.

 

Des résolutions des Nations unies et des rapports des organisations des droits humains attestent que ce groupe armé est responsable d’un grand nombre d’exactions contre les populations civiles congolaises. En novembre 2009, son chef politique, Ignace Murwanashyaka, a été arrêté en Allemagne où il avait reçu le statut de réfugié politique depuis 2000. Avec son adjoint, il est accusé d’avoir commandité, entre janvier 2008 et novembre 2009, 39 crimes de guerre et 26 crimes contre l’humanité, notamment des viols dans des villages congolais de l’Est.

 

Regardez le webdocumentaire de France 24 : Congo : la paix violée.

"Des mesures de protection des civils sont nécessaires"

Mathilde Muhindo dirige le Centre Olame qui s’occupe de l’accompagnement psycho-social des femmes violées dans les quatre territoires du Sud-Kivu (Kahere, Walungu, Idjwi et Kabare) à l’Est de la République Démocratique du Congo.

 

Je crois qu’ouvrir un procès contre ces deux responsables des FDLR est une bonne chose, mais aujourd’hui, ce qui est plus important, c’est la protection des populations civiles, surtout des femmes. Parce qu’elles ne sont pas du tout protégées ! Au début de la semaine passée par exemple, nous avons reçu dans le Centre une nouvelle patiente. Elle nous a raconté qu’elle avait été enlevée avec d’autres femmes par les FDLR à Shabunda [un village du Sud-Kivu] et conduites dans la forêt. Elles ont été libérées après avoir été violées pendant plusieurs jours par plusieurs hommes.

 

Des mesures de protection des civils sont nécessaires. Aujourd’hui, la traque de ces rebelles rwandais par l’armée congolaise a montré ses limites : les combattants FDLR, chassés des territoires qu'ils contrôlaient, sont dispersés dans les forêts et fréquemment  ils surgissent dans les villages pour piller et enlever femmes et enfants.

 

Depuis le début de cette année, notre centre a reçu 16 nouveaux cas de femmes violées. La plupart de ces victimes ont moins de 18 ans. Nous les aidons à réintégrer une vie normale. Mais, ce n’est pas toujours facile, surtout lorsque le viol a entraîné une grossesse. Ce qui arrive d’ailleurs le plus souvent, hélas. En plus, ces femmes sont stigmatisées par la communauté locale. Elles ont le sentiment d’être abandonnées à leur triste sort. Leurs bourreaux continuent à courir et à commettre d’autres exactions, en toute impunité."

Billet rédigé en collaboration avec Trésor Kibangula, journaliste à FRANCE 24.