CÔTE D'IVOIRE

Un campus universitaire d’Abidjan dépouillé par "vengeance"

 À l’annonce de l’arrestation du président sortant, les étudiants fidèles à Laurent Gbagbo ont déserté la cité universitaire de Port-Bouët 3, au sud d’Abidjan. La voie est désormais libre pour les riverains, qui, selon notre Observateur, pillent par vengeance, après quatre mois passés sous les griffes des "fescistes".  

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La cité universitaire de Port-Bouët 3, le 13 avril 2011. Photo envoyée par RimK , Observateur à France 24. 

 

À l’annonce de l’arrestation du président sortant, les étudiants fidèles à Laurent Gbagbo ont déserté la cité universitaire de Port-Bouët 3, au sud d’Abidjan. La voie est désormais libre pour les riverains, qui, selon notre Observateur, pillent par vengeance, après quatre mois passés sous les griffes des étudiants "fescistes".

 

La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), le syndicat étudiant lié à Laurent Gbagbo, a régné comme une véritable "mafia" dans les universités d’Abidjan, selon un terme employé par l’organisation Human Rights Watch et par Laurent Gbagbo lui-même.

 

Durant la campagne électorale et après le second tour de l’élection présidentielle, le 28 novembre dernier, plusieurs manifestations organisées par les "fescistes" ont dégénéré en affrontements, faisant des morts parmi les étudiants. La milice étudiante, qui opère avec les Forces de défense et de sécurité (FDS, fidèles à Laurent Gbagbo) et les Jeunes patriotes de Charles Blé Goudé, est accusée par l’ONG Human Rights Watch d’avoir commis des exactions envers les populations d’Abidjan.

"Les résidents de Port-Bouët se vengent de quatre mois d’enfer"

RimK est un informaticien qui habite Port-Bouët - une commune d'Abidjan majoritairement pro-Gbagbo - à quelques centaines de mètres de la cité universitaire de Port-Bouët 3.

 

Ceux qui dépouillent en ce moment la cité de Port-Bouët 3 sont les résidents de la commune, et principalement ceux du quartier Abattoir, situé au nord de Port-Bouët. On appelle ‘Abattoir’ le quartier des boucheries, où viennent les Abidjanais pour acheter de la viande bon marché. Au cours des derniers mois, les bouchers de l’Abattoir ont été régulièrement pris pour cibles par les étudiants pro-Gbagbo.

 

Le 13 avril 2011. Photo envoyée par notre Observateur. 

 

Étant, pour la plupart originaires du Burkina Faso, du Mali et de Guinée, ces commerçants étaient perçus comme des partisans d’Alassane Ouattara. Les jeunes leur ont fait vivre l’enfer pendant quatre mois ; ils rôdaient autour des maisons, armés de machettes, et ont pillé plusieurs d’entre elles. À l’aide de barrages, de gourdins et de Kalachnikovs, les étudiants de la Fesci ont tenu la commune d’une main de fer. Les habitants pro-Ouattara, minoritaires dans la commune, avaient très peur.

 

"J’ai vu des militaires français regarder la scène, sans réagir"

 

Le 13 avril 2011. Photo envoyée par notre Observateur. 

 

Je suis convaincu que les résidents de Port-Bouët Abattoir agissent par vengeance. Ce matin, il y avait des femmes, des enfants et des personnes âgées parmi les pilleurs. Ils se servaient de tout objet récupérable : de la tôle, du bois, des lits, des câbles électriques, des sceaux, des bouteilles de gaz, etc. Même si la vie reprend doucement, tout est très cher, alors chacun se débrouille comme il peut pour reconstruire sa maison détruite dans les exactions ou pour cuisiner.

 

J’ai vu des militaires français regarder la scène, sans réagir [la commune de Port-Bouët abrite la base militaire de la Force française Licorne]. Les pilleurs n’étaient pas armés et sans cagoule. Il n’y avait pas de danger, sinon, les soldats seraient intervenus."

 

Billet rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à France24.