Une exposition d’abris anti-bombes pour sensibiliser les New-Yorkais aux tirs de roquettes palestiniens sur Israël
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À Manhattan, les promeneurs du Washington Square Parc ont assisté à une scène surprenante le 28 mars : une foule se ruant dans un abri en entendant une sirène digne d’un film de guerre. Un attentat terroriste ? Pas tout à fait. Lire la suite…
Le musée des abris contre les bombardements, dans le Washington Square Parc, NYC, le 28 mars.
À Manhattan, les promeneurs du Washington Square Parc ont assisté à une scène surprenante le 28 mars : une foule se ruant dans un abri en entendant une sirène digne d’un film de guerre. Un attentat terroriste ? Pas tout à fait.
Les abris en question faisaient partie d’un happening interactif imaginé par Artists 4 Israel, une communauté d’artistes américains engagés. Artistes 4 Israel cherche à sensibiliser les habitants de New York sur ce que vivent les Israéliens à proximité de Gaza et qui sont la cible de tirs de roquettes palestiniens. Les artistes ont demandé aux participants de se disperser dans le parc et, lorsqu’une sirène retentirait, de courir se réfugier dans un abri en moins de 15 secondes, car c’est le temps dont disposent les Israéliens pour rallier un abri anti-bombe.
Billet rédigé avec la collaboration de Lorena Galliot, journaliste à FRANCE 24.
Abris anti-bombardement en Israël
Par le graffeur 'Nicer'. Photos publiées sur Flickr par tatscruinc.
"La situation de la population de Gaza est aujourd’hui bien pire que celle des Israéliens de Sdérot"
Hussam El-Nounou vit à Gaza. Il est le cofondateur d'une ONG qui s'occupe de personnes atteintes de maladies mentales.
Il est justifié de dénoncer la violence que subissent les Israéliens. J’encourage moi-même les personnes des deux côtés du conflit – Israéliens comme Palestiniens – à oeuvrer pour une plus grande compréhension des peurs, des frustrations, des désirs et de la souffrance que ressentent ‘ceux d’en face’.
En revanche, ce n’est pas juste de montrer la violence d’un côté sans regarder celle qui existe de l’autre. Il faut dénoncer tous les crimes commis contre les civils, sans exception. À mon avis, la situation de la population de Gaza est aujourd’hui bien pire que celle des Israéliens de Sdérot. Les Gazaouïs manquent de tout : d’eau, d’électricité, de médicaments, de logements décents. Mais surtout, ils sont privés d’un droit fondamental : leur liberté de mouvement. C’est un peuple opprimé, qui vit dans la misère.
Il faut garder en tête que la souffrance des civils, d’un côté comme de l’autre, découle de l’absence d’un processus de paix viable. Une paix juste et durable est la seule façon de mettre un terme, petit à petit, à la violence et au ressentiment."
"Ceux qui étaient encore à l’extérieur de l’abri après les 15 secondes écoulées ont perçu l’horreur de la situation"
Craig Dershowitz est le président d’Artists 4 Israel. Il vit à New York.
Les attaques de roquettes tirées par les combattants du Hamas font partie du quotidien de certains Israéliens, notamment ceux de Sdérot, une ville frontalière avec Gaza. Les premières victimes de ces bombardements ne sont pas des soldats, mais des civils innocents (des femmes, des personnes âgées et des enfants). L’objectif de notre performance était de rendre cette réalité concrète pour les New-Yorkais. Les abris, fabriqués en bois, sont les copies exactes de ceux qui sont construits à travers Israël.
L’action même de courir se mettre à l’abri a été très évocatrice pour les participants. Dans un premier temps, les gens prenaient cela pour un jeu. Ils rigolaient quand ils partaient se disperser dans le parc. Mais ceux qui étaient encore à l’extérieur de l’abri après les 15 secondes écoulées ont perçu l’horreur de la situation. Cela veut dire que si tu ne cours pas assez vite, tu peux te faire tuer. Plusieurs participants avaient les larmes aux yeux après la performance.
"Les abris étaient décorés avec des graffitis d’artistes"
À l’intérieur de l’abri, une vidéo montrait de vraies images des roquettes Qassam lancées sur Sdérot. L’extérieur était décoré par de grands graffeurs de New York.
L’exposition s’est déroulée encore mieux que ce que nous avions prévu. Elle a attiré près de 500 personnes, tout au long de la journée. Mais le plus important, ce sont les discussions qu’elle a suscitées, car c’est ce que nous essayons de promouvoir. Comme tout événement concernant Israël, notre performance a attiré un certain nombre de contre-manifestants et le ton est monté. Mais globalement, les militants pro-Palestinens et pro-Israéliens présents sur place ont joué le jeu du dialogue et engagé de réelles discussions. C’est notre but : utiliser l’art pour dépasser les rhétoriques haineuses et susciter une réflexion."
Photos prises par les membres de Artists 4 Israel.