Les motards chiites se mobilisent pour défendre leur communauté

En Arabie saoudite, si la grande journée de protestation n'est prévue que pour le vendredi 11 mars, les chiites de l’est du pays ont déjà engagé le bras de fer. Parmi eux, de jeunes motards qui tentent d'ajouter une touche d’originalité à un mouvement de contestation qui pourrait faire trembler la monarchie wahhabite.

La religion officielle du royaume est l’islam sunnite. Officiellement, les chiites ne sont pas reconnus comme minorité religieuse, alors qu’ils représenteraient 10 % de la population. Ils sont victimes de discriminations sociales et subissent des restrictions dans la pratique de leur religion.

Emportée par le vent de la révolution arabe, la région à majorité chiite de l’est du pays est actuellement en pleine ébullition.

Vidéo des motards chiites en train de manifester, publiée sur YouTube.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24.

"Nos deux-roues peuvent aussi être utilisés pour des nobles causes"

Salah Mehdi, un lycéen de 19 ans, habite à Awamya, une ville de l’est du royaume. Il est l’un des administrateurs de la page Facebook qui a appelé les motards à manifester.

Le 9 mars, nous avons fait le tour de la ville à moto en brandissant des pancartes avec des slogans comme "libérez les prisonniers oubliés" [il s’agit de neuf chiites arrêtés pour les attentats des tours de Khobar et qui n’ont jamais été jugés] ou "Qatif, une civilisation oubliée". Les infos sur la manifestation ont circulé par le bouche-à-oreille, puis nous avons créé une page sur Facebook. Nous étions une trentaine.

Nous souhaitons défendre la communauté chiite, mais nous voulons également changer le regard qu’ont les gens sur les motards. Nous voulons montrer que les motards ne sont pas forcément des fauteurs de troubles et que nos deux-roues peuvent aussi être utilisés pour des nobles causes.

"La contestation chiite ne se joindra pas à la contestation lancée au niveau nationale"

Évidemment, la police a essayé de bloquer notre route, mais nous avons changé d’itinéraire pour poursuivre notre manifestation. Nous comptons bien refaire la même chose la semaine prochaine.

La contestation chiite ne se joindra pas à la contestation lancée au niveau nationale. Car, dès que nos revendications dépassent le cadre des revendications sociales et de liberté religieuse, notre action est interprétée comme une tentative de semer le trouble et de renverser la monarchie. Et si c’est le cas, la répression se focalisera davantage sur nous que sur les habitants des autres régions."

Vidéo publiée sur YouTube.