Le combat d’ours, une barbarie toujours en vogue au Pakistan
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Les grands propriétaires des provinces pakistanaises du Pendjab et du Sindh se divertissent d’une façon particulièrement sanguinolente : le combat d’ours. Les règles sont aussi simples que cruelles : deux chiens de combat très entraînés sont lâchés sur un ours captif dont les griffes et les dents ont été neutralisées. Les chiens sont déclarés vainqueurs s’ils parviennent à mettre l’ours à terre.
Les grands propriétaires des provinces pakistanaises du Pendjab et du Sindh se divertissent d’une façon particulièrement sanguinolente : le combat d’ours. Les règles sont aussi simples que cruelles : deux chiens de combat très entraînés sont lâchés sur un ours captif dont les griffes et les dents ont été neutralisées. Les chiens sont déclarés vainqueurs s’ils parviennent à mettre l’ours à terre.
Le combat d’ours a été introduit en Asie du Sud par les colons britanniques au XVIIIe siècle. Il a été progressivement abandonné dans tous les pays de la région à l’exception du Pakistan, où des combats sont toujours organisés par les grands propriétaires pendant les périodes de fête pour divertir la population. Les ours sont capturés illégalement par des braconniers, puis domptés par leurs propriétaires nomades.
Chaque combat dure environ trois minutes. Les ours sont souvent blessés, mais les combats vont rarement jusqu'à la mort de l'animal. Certains ours sont envoyés dans l’arène jusqu'à dix fois par jour.
Bien que le combat d’ours soit interdit au Pakistan depuis le vote d'une loi de prévention contre la cruauté envers les animaux, en 1980, les régions tribales reculées continuent à en organiser.
Les associations de défense des animaux, comme la Société mondiale pour la protection des animaux (WSPA, en anglais), ont travaillé avec les autorités pakistanaises pour tenter d'éradiquer cette pratique. Selon la WSPA, les campagnes de sensibilisation et de répression des combats d’ours ont permis d’empêcher 80 % des tournois prévus depuis 2001 et de sauver 40 ours. Selon la WSPA, il y aurait cependant encore environ 70 ours captifs qui combattraient au Pakistan.
En 2000, un sanctuaire a été créé dans le village de Kund, près de Peshawar, pour accueillir les ours de combat confisqués à leurs propriétaires. Mais à l’été 2010, les inondations ont noyé 20 des 23 ours qui y étaient hébergés. Les trois survivants ont été relogés dans un nouvel abri, dans le nord du Pendjab.
"On utilise les textes islamiques qui condamnent la cruauté envers les animaux pour convaincre les propriétaires"
Le Dr Fakhar-I-Abbas est directeur du Centre de recherche en bio-ressources, (BRC), une ONG membre de la Société mondiale pour la protection des animaux. Il milite pour l’abolition du combat d’ours dans son pays.
Les grands propriétaires terriens sont extrêmement influents dans certaines zone rurales du Pakistan. Leur objectif, c’est d’abord d’attirer beaucoup de monde dans les foires de village organisées sur leurs territoires. Car cela génère du commerce dans leur région. Les propriétaires aiment bien aussi prouver qu’ils sont au-dessus de la loi en défiant l’interdiction gouvernementale. C’est un façon de bomber le torse, politiquement parlant.
Nous avons lancé trois types d’actions pour éradiquer ces combats. D’abord, nous tentons de convaincre directement les propriétaires. On leur décrit les conditions dramatiques dans lesquelles vivent les ours et les risques que comportent ces combats dont les animaux ressortent mutilés et traumatisés. Beaucoup sont réceptifs. Sur les dix dernières années, plus de 80 % des propriétaires à qui nous avons parlé ont accepté d’arrêter l’organisation de ces combats.
Ensuite, nous visitons les mosquées des régions où les combats sont toujours pratiqués et nous discutons avec les imams. On utilise les textes islamiques qui condamnent la cruauté envers les animaux et on leur demande de dénoncer ces pratiques dans leur prêche du vendredi. Le but est que le public réalise que ces pratiques vont à l’encontre de leur religion.
Enfin, nous avons des représentants dans les villages qui nous alertent quand un combat d’ours est organisé afin que nous puissions prévenir les autorités. Cette organisation nous a permis d’organiser plusieurs raids efficaces ces dernières années. Néanmoins, dans certaines zones, les propriétaires terriens sont tellement puissants qu’ils contrôlent toute la chaîne de mise en application de la loi. Et, dans ces cas, une intervention policière est tout bonnement impossible."
Pakistan. Janvier 2008.
Les propriétaires des animaux interviennent pour interrompre le combat.
Un ours, blessé au combat, dont les dents ont été enlevées.
Des vétérinaires de la BRC enlèvent un anneau du museau de l'ours. Les ours sont retenus grâce à une corde passant dans ce type d'anneau. Photos publiées avec l'autorisation de la WSPA.