RUSSIE

Ils veulent mettre Poutine en prison et osent le dire devant le Kremlin

 Cette affiche a été déployée il y a quelques semaines par un groupe d’activistes sur la Place rouge devant le Kremlin. Le message est simple : le premier ministre,Vladimir Poutine, doit prendre la place de Mikhail Khodorkovski, ancien magnat du pétrole actuellement en prison.

Publicité

Photo postée par Marina Litvinovich sur son blog sur Live Jounal.

 

Cette affiche a été déployée il y a quelques semaines par un groupe d’activistes sur la Place rouge devant le Kremlin. Le message est simple : le Premier ministre, Vladimir Poutine, doit prendre la place de Mikhaïl Khodorkovski, ancien magnat du pétrole, actuellement en prison.

 

A gauche, une photo de Mikhaïl Khordorkovski dans une posture qui fait penser aux photos officielles des dirigeants politiques. A droite, Vladimir Poutine, derrière les barreaux d’une prison. Sous les photos, on peut lire : "C’est l’heure du changement". Cette banderole a été retirée par les équipes de sécurité une demi-heure après son accrochage.

 

L'oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski était à la tête de la plus importante compagnie pétrolière du pays, Ioukos, jusqu’à son arrestation pour escroquerie et fraude fiscale en 2003. En décembre dernier, il a été condamné, en appel, à 14 ans de prison. Mais pour ses défenseurs, l’ancien PDG a en réalité été puni pour avoir financé des groupes d’opposition anti-Poutine. 

 

Dans un pays où la liberté d'expression est sévérement contrôlée, ce type de performance est régulièrement utilisé par les activistes politiques d'opposition. L’année dernière, les membres du collectif artistique Voïna (qui signifie "guerre" en russe) avaient dessiné un pénis géant sur le pont Liteynie de Saint-Pétersbourg. 

 

Les activistes accrochent la bannière sur le pont en face de la Place rouge. Photo postée sur Fotoputeshestviya sur LiveJournal.

 

 

"Les actions coup de poing ne résolvent rien"

Pilgrim67, blogueur de renom en Russie, vit à Novosibirsk, troisième plus grande ville du pays.

 

J’ai effectivement entendu parler de cette affiche mais je ne trouve pas cet acte significatif. Les gens qui appartiennent à ce collectif sont selon moi des anarchistes. Ces actions coup de poing ne résolvent rien. Il faudrait des réformes organisées et méthodiques pour aboutir à un réel changement.

 

Les Russes ne réagissent pas à quelqu’un qui déploie une affiche. Et le pire, c’est qu’ils  ne s’identifient pas à Khordorkovski. Ce qui reste cependant vrai, c’est que la liberté d’expression est limitée en Russie."

"Nous ne voulons pas forcément que Khodorkovski accède au pouvoir mais nous voulons que Poutine aille en prison"

Roman Dobrokhotov est un des activistes qui a participé à l’accrochage de l’affiche devant le Kremlin. Il fait parti du collectif "We" ("Nous").

Il n’y a pas beaucoup de façons de se faire entendre aujourd’hui en Russie. Les médias sont censurés et les manifestations systématiquement dispersées par la police. Notre idée, c’était de faire quelque chose de visuel. Ça a été compliqué d’organiser tout ça sans se faire remarquer par la police. On avait déjà essayé l’année dernière, en vain. On avait pourtant privilégié les conversations en face à face et les appels téléphoniques cryptés via Skype, mais malgré toutes ces précautions, on s’était fait intercepter 15 minutes avant de pouvoir déployer la bannière. Cette fois, on a réussi à déployer cette affiche pendant 30 minutes.

 

Notre action a eu énormément de succès. La blogosphère russe a reposté les photos partout sur Internet. Ce qui était particulièrement inattendu c’est que la télévision russe NTV [chaîne proche du gouvernement, détenue par la société publique Gazprom-Média] a diffusé un sujet sur cet événement. Un parlementaire pro-Poutine avait fait une déclaration pour demander que des lois plus strictes soient votées pour punir le genre d'action que nous avons mené. Les journalistes de la télé ont utilisé cette déclaration comme prétexte pour parler de ce qu'on a fait."

 

Photo postée sur  Fotoputeshestviya sur Live Journal.

Le service de protection fédéral retire l'affiche. Photo postée sur  Fotoputeshestviya sur Live Journal.